L'érection- Jim et Lounis Chabane
«Vingt-cinq ans de complicité... c'est vingt-cinq ans d'érection, tu te rends compte? Un quart de siècle à ta gloire!»
Une BD repérée chez Jérôme qui avait tout pour me plaire ! Mais oui, chers lecteurs à l'esprit mal tourné, j'adore les huis-clos, les histoires de couple toussa toussa... J'ai eu la joie de retrouver tout cela et plus encore dans cet album qui fleure bon le vaudeville -très moderne, d'où son intérêt-. « L'érection » ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'ici, et je n'ai pas boudé mon plaisir;)
Florent et Léa forment un ménage heureux depuis de longues années, même si Léa qui fête ses quarante-huit ans, ne se réjouit pas à l'idée de prendre une année de plus et s'interroge sur son pouvoir de séduction. Pour célébrer l'événement, le couple organise un dîner avec Alexandra, la meilleure copine de Léa et Jean-Fabrice, son compagnon. La soirée qui démarre de façon sympathique tourne au vinaigre mais pas pour les raisons que l'on imagine. Ici, pas d'amant caché dans le placard, pas de regard en coin entre Jean-Fabrice et Léa non plus, aucun secret fracassant déballé entre le champagne et les petits fours... Juste une érection malvenue, élément déclencheur inattendu qui laisse apparaître des fêlures dans le couple Florent-Léa.
« L'érection » fait carton plein: ça parle de sexe, mais le sujet, délicat, est traité sans la moindre vulgarité. Les dessins sont élégants, hyper précis, expressions de visages, décors: tout est au cordeau. Les auteurs ont dû visionner pas mal de pièces de boulevard car les attitudes sont plus vraies que nature, les répliques font mouche, ça bouge, ça crie, ça s'énerve, ça pleure... On sourit pas mal, on prend fait et cause pour les personnages (Enfin Léa, calme-toi... et toi Florent, quitte cet air benêt et coupable, montre lui que tu en as) mais l'intérêt se situe bien au delà du drame bourgeois vaudevillesque. Sexe, désir, peur de vieillir, de ne plus séduire, de ne plus aimer et être aimé... thématiques très contemporaines qu'on imagine mal en BD et qui sont traités ici avec finesse. Jérôme parle de « fluidité » dans la lecture, je confirme. ça glisse tout seul, ça ne se lit pas, ça se dévore, même s'il faut y revenir ensuite pour apprécier l'extrême qualité du graphisme.
J'attends avec impatience la suite qui sera prometteuse, comme le laisse entendre la dernière case...