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  "Tout cela pour un amour de rien, un amour qui aide simplement à passer les heures"

Je poursuis mon challenge personnel "un recueil de nouvelles par mois" avec cet "après midi plutôt gai" trouvé au hasard de fouilles sur internet, honoré par un prix Goncourt en 1993. Textes insolites, sujets étranges et clairement une déception pour moi, tant le premier texte m'a enchantée. Je pensais que le reste suivrait...

Dans ces nouvelles, les protagonistes se font face. Ils sont souvent deux, une mère et son fils, un conducteur et son passager, un écrivain et son secrétaire... Le lecteur est troublé car la victime ou le bourreau se confondent, les rôles ne sont pas aussi clairement définis que l'on pourrait le croire. Dans le premier texte intitulé "L'enfant otage" tout à fait excellent, une femme narre son affrontement avec son enfant : celui-ci se prétend "otage"... mais de qui? Les pistes sont brouillées, le malaise croissant... et le final percutant. Je me suis dit chouette, je tiens une pépite, j'en ai même fait lire un bout à ma copine Julie : "c'est incroyable, je te le prêterai", lui-ai je dit. Je ne suis plus très sûre que ça vaille la peine et puis le livre tombe en miettes, les pages se décollent, une occas' mais pas vraiment une affaire

Les autres nouvelles jouent également sur la dualité, le" légèrement décalé" par rapport à un univers qui nous est familier, par exemple dans "Un oiseau de passage"  où une femme se retrouve invitée dans sa propre maison- très bonne idée - mais elles ont moins de force. L'écriture de Mariette Condroyer est certes belle, les sujets sont originaux, mais l'auteure use et abuse d'effets qui de mon point de vue, ne sont pas nécessaires. Une espèce d'emphase, quelque chose de trop travaillé, de trop appuyé dans le style ont gêné ma lecture. Certains textes m'ont ennuyée, beaucoup m'ont laissée de marbre, et j'ai terminé ce recueil tant bien que mal en bâillant. 

"A l'école j'ai écrit qu'Arthur était malade. Vraiment personne ne s'est soucié de lui. Les gens ne sont pas curieux. Ils peuvent vous laisser sombrer sans s'inquiéter de quoi que ce soit. Ils posent peu de questions. Cette prétendue maladie a éloigné ses copains. Si vous êtes évasif pour parler d'un mal, les gens imaginent le pire. La femme de ménage par exemple n'est pas revenue. Elle avait peur de cet enfant qui restait enfermé dans sa chambre sans faire aucun bruit et dont la seule nourriture se résumait à des fruits et du pain"