Histoires sans issue- T.C Boyle
"Elle portait un vieux T-shirt Cramps qu'elle aimait mettre pour dormir, et rien d'autre, j'aurais pu trouver ça sexy, ouais, sauf (...) que je la voyais nue comme ça, à l'exception d'un tee-shirt souvenir rock and roll, depuis environ mille matins d'affilée."
Cela faisait un moment que je n'avais pas lu des nouvelles aussi excellentes que celles de T.C Boyle. J'ai le souvenir (très fort) du recueil "Histoires de morts" qui m'avait tellement bousculée, remué les tripes que j'avais été incapable d'écrire une billet sur cette lecture. Ces nouvelles-ci sont différentes, moins explosives, moins révoltées en apparence peut-être, mais tout aussi géniales. J'aime T.C, son audace, son côté "cash", il y a une telle finesse derrière le "brut de décoffrage", l'humour acerbe, une telle fragilité et humanité dans les personnages qu'il met en scène (humanité pas toujours sous son meilleur angle, humanité lâche, noyant son angoisse, sa solitude, sa culpabilité dans l'alcool ou la drogue...) Franchement j'admire.
On retrouve tout cela dans ces nouvelles sans issue et surtout sans chute, (ne pas s'attendre à un ultime rebondissement, les fins restent ouvertes et laissent rêveurs ou perplexes, ou les deux) mettant en scène des personnages quelque peu paumés, pris aux piège de situations incongrues, ( tout simplement incroyable, l'histoire de ce chauffeur transportant un foie destiné à une transplantation, bloqué sur la route par un glissement de terrain !) dont ils tenteront de se sortir, en abdiquant, telle cette végétarienne, amie des animaux (ils occupent une grande place dans les nouvelles de Boyle) foulant aux pieds tous ses principes pour garder un homme ("Au fond elle se moquait des chats. Ils ne signifiaient rien pour elle. Et elle voulait faire plaisir à Todd. Absolument."). T.C Boyle n'a peur de rien, il est drôle, cruel et tendre, (merveilleux et si touchant "A un doigt de l'enfer") il égratigne, écorche même, comme dans la terrible nouvelle intitulée "Le mensonge", qui est pour moi l'un des meilleurs textes courts jamais écrits. Si si !
Il faut lire T.C Boyle, c'est formidable.
"Les vérités, c'est comme les mensonges, il y en a de deux sortes : les mauvais mensonges, (...) ceux qui servent à tricher, à tromper, et puis les bons mensonges, les pieux mensonges"; comme on dit, c'est-à-dire les petits bobards qui ne font de mal à personne. L'avocat inspira en émettant un petit sifflement comme s'il entrait dans un bain chaud. "Ces mensonges là peuvent faire du bien."