Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux Bouquins Garnis
28 avril 2012

"Une affaire de charme"- Edith Wharton

9782290331958Encore un auteur que je redécouvre avec plaisir grâce au challenge de George. Il s'agit d'Edith Wharton. Je ne connaissais d'elle que le roman Ethan Frome. Et puisque j'aime les nouvelles, j'ai décidé de commencer le challenge par le recueil « Une affaire de charme ».

George propose de nous pencher sur les héroïnes d'Edith Wharton dans nos billets, d'évoquer celle qui nous a le plus touchés et de dire pourquoi... avec ces nouvelles que personnellement j'ai beaucoup aimées, ce n'est pas une héroïne mais plusieurs dont j'ai la possibilité de parler et ça tombe bien car elles sont vraiment très intéressantes, toutes ces femmes. Edith Wharton en dresse des portraits tout en finesse et d'une grande justesse, à la fois cruels et tendres.

 Les femmes de ce recueil ont presque toutes en commun de n'être pas très heureuses en ménage, de n'être pas appréciées par les hommes à leur juste valeur. Le mari de Nadeja, par exemple (« Une affaire de charme ») n'imagine même pas qu'on puisse vouloir peindre sa femme :

 « Targatt le regarda avec stupeur, et resta sans voix. Nadeja- le grand peintre voulait peindre Nadeja ! (…) une liste des tarifs de Svengaart se dessina hideusement devant ses yeux. Le peintre (…) le prenait probablement pour un homme très riche (...) Car pour quelle autre raison aurait-il voulu peindre Nadeja? » (p.151)

 Paul Dorrance, (« Le diagnostic ») lui, ne se marie que parce qu'il se pense à l'article de la mort :

 « (…) Ce n'était pas de la faute de cette pauvre Eleanor s'il avait imaginé, dans un moment de conscience morbide, qu'elle serait transformée, rehaussée par le bonheur. Sous des changements de surface, elle était restée la même : une compagne parfaite tant qu'il se sentait malade et désemparé, un fardeau involontaire maintenant (…) Cela se voyait même dans son visage : elle avait un joli profil, mais de face, il y avait quelque chose qui n'allait pas. » (p. 101)

 Ces femmes rêvent de l'amant idéal et de faire sauter le carcan de la société rigide qui les emprisonne. C'est le cas de Nalda sur le point de s'enfuir avec son amant, (« La permanente »), de l'héroïne pas nommée de « La plénitude de la vie » qui pourrait bien trouver le Grand Amour dans l'au-delà, de Margaret qui s'amourache d'un homme plus jeune... (« Le prétexte »). Elles rêvent de l'amour mais passent le plus souvent à côté, commettent des erreurs par frivolité, comme Nalda, qui confond le jour de sa séance chez le coiffeur avec celui du départ de son amant.

 Elles ne sont pas fortes, les héroïnes d'Edith Wharton, du moins pas suffisamment pour aller jusqu'au bout de leur rêve. Dans la nouvelle- assez curieuse- « La plénitude de la vie », une femme renonce à l'âme soeur pour attendre dans l'au-delà son bon vieux mari dont elle supportait pourtant plus le bruit des bottes:

 « Ne comprenez vous que je ne me sentirais pas chez moi sans lui? C'est très bien pour une semaine ou deux... mais pour l'éternité ! Après tout, le grincement de ses bottes ne m'avait jamais gênée (…) et puis personne d'autre ne saurait s'occuper de lui, il est tellement démuni ! » (p. 31)

 Par paresse, besoin de confort, peur de la vie, ces femmes renoncent, mais quelques-unes font néanmoins exception.

La vieille Mrs Manstey (« La vue de Mrs Manstey ») est un superbe exemple de ce que peuvent accomplir les femmes, de leur entêtement, de leur force insoupçonnée ... Cette héroïne-là, sans aucun doute ma préférée sur l'ensemble du recueil, en est une vraie, d'héroïne. Pour un motif qui semble dérisoire, mais qui compte plus que tout à ses yeux, elle ira jusqu'à la mort. Plus discrètement, mais avec autant de ténacité, Eleanor mènera elle aussi son projet jusqu'au dernier souffle...

Les femmes de Wharton sont aussi capables de mensonge, de duplicité, par conviction, par amour. Elles savent se jouer, sans scrupules, de leur entourage masculin qui les découvre, hélas trop tard. (« Le diagnostic »)

 Chez Edith Wharton, rien n'est tout noir ou tout blanc, comme dans la vie. L'analyse si fine, au plus près du réel, portée par une écriture d'une élégance remarquable, rend les femmes de ce recueil très attachantes et m'a donné envie de découvrir davantage cet auteur. En lisant ses romans, par exemple.

LiliGalipette semble avoir moins apprécié ce recueil que moi.

Livre lu pour le challenge Edith Wharton chez George.

challenge-edith-wharton

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bon choix !!!! bonne lecture
Répondre
U
Merci Jeneen, je vais sûrement lire la nouvelle dont toi et Juju vous parlez :)
Répondre
U
Eh bien moi je la découvre, même si j'ai lu "Ethan Frome". Et j'adore !
Répondre
J
je suis complètement en phase avec le comm' de Juju ! Et pour le temps de l'innocence", et pour "fièvre romaine", LA nouvelle pour moi !, et pour Henry james et la "vieille europe"...bref, Wharton a une écriture que je trouve perspicace, très moderne pour l'époque et tu devrais te régaler aussi dans la suite de son oeuvre ! bonnes lectures
Répondre
A
J'ai été séduite par l'univers d'Edith Wharton depuis ma première lecture "la récompense d'une mère" dans les années 80 ! j'ai presque tout lu d'elle depuis.
Répondre
Aux Bouquins Garnis
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité