Les-choses-s-arrangent-mais-ca-ne-va-pas-mieuxEncore une fois, ma copinaute Philisine est à l'origine d'une belle découverte. Redécouverte en fait. J'ai lu « Dans les coulisses du musée » de l'écrivain anglais Kate Atkinson il y a longtemps, et j'en ai gardé un souvenir très vague. J'ai davantage aimé ses nouvelles, je crois. Et voilà que Phili me propose de me prêter « Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux », récemment chroniqué avec enthousiasme sur son blog. Je dis oui tout de suite car j'adore les titres insolites...

 Je résume un peu mais pas trop, une grande partie du plaisir étant dans la découverte, pas à pas, d'une intrigue savamment construite. Tout commence par un accrochage entre automobilistes, le jour d'un festival de théâtre à Edimbourg : un certain Paul Bradley est violemment pris à parti par un autre conducteur devant plusieurs témoins. Une bourgeoise malheureuse en ménage prénommée Gloria, l'écrivain Martin Canning, pas très bien dans sa peau, Jackson Brodie, un ex-privé, héros d'un autre roman de Kate Atkinson « La souris Bleue », de passage à Edimbourg pour voir jouer sa compagne Julia, comédienne... Tous ces personnages, -et bien d'autres- sans liens apparents, vont se retrouver au coeur d'une enquête à rebondissements sur fond de meurtre, d'argent sale...

Je me tais. Faut pas gâcher.

 D'insolite il n'y a pas que le titre. Cet épais roman, extrêmement intrigant, oscillant entre rires et larmes (les saillies humoristiques sont nombreuses et les drames profonds) n'est pas facile à classer : comédie noire, thriller, polar, satire... Ce qui est certain, c'est qu'il est brillant. Brillamment écrit, cela va sans dire. Orchestré de façon magistrale, là non plus, pas de doute. J'adore les écrivains comme cette madame Atkinson, qui soigne les lecteurs et sans leur mâcher le travail, ne leur donne pas inutilement du fil à retordre. Les personnages, si nombreux soient-ils, sont parfaitement identifiables au bout de quelques pages et comme Philisine, j'ai résisté à la tentation de noter chaque fois qu'une nouvelle tête apparaissait. Un peu d'attention a suffi et comme le roman est passionnant, que tout finit par s'emboîter merveilleusement malgré le puzzle de départ et les divers sauts dans le temps, pas besoin de crayon.

Cette capacité à donner vie à des personnages, à créer chez chacun d'eux des faiblesses, des sentiments, des émotions, des drames privés compliqués à gérer, (j'ai particulièrement aimé la relation Gloria/ Graham et Louise/Archie) est épatante et fait de « Les choses s'arrangent... » bien plus qu'un polar/thriller satirique simplement bien mené. Ici, on est dans la vraie littérature, celle qui bouscule et fait réfléchir, fait sourire et émeut tout à la fois. La fin est excellente et pour ma part, inattendue.

Un petit extrait parmi des dizaines d'autres : 

"Elle contempla la poitrine de Graham qui s'élevait et s'abaissait régulièrement, son visage dénué d'expression. Il avait l'air plus petit. Il perdait de son pouvoir, se ratinait, il n'était plus un demi-dieu. Ils sont tombés les puissants ! (...) Gloria lui caressa la main du revers des doigts et éprouva un certain regret. Non pas tant pour Graham l'homme que pour Graham le petit garçon qu'elle n'avait jamais connu, un garçon en culottes courtes, de flanelle, chemise grise, cravate et casquette d'écolier, un garçon qui ignorait tout de l'ambition, de l'enrichissement et des call-girls. "Quel pauvre con tu fais Graham, " fit-elle, non sans un soupçon d'affection." ( p.138)

Merci encore ma Phili pour ce prêt !

 Je propose ce livre pour le challenge anglais d'Antoni et pour le challenge thriller de Cynthia.

Challenge Thriller







Challenge-anglais