Dernières nouvelles du futur- Patrice Franceschi
" Vouloir penser par vous-même ne vous rendra pas plus libre; c'est du passé tout ça."
Acheté sur un coup de tête après le passage de l'auteur à la Grande Librairie, ce recueil de nouvelles de Patrice Franceschi (Goncourt de la nouvelle pour son précédent recueil tout de même) aurait dû m'enchanter.(Aïe, ça démarre mal, vous avez remarqué le conditionnel...)
Franceschi décrit en quatorze textes une humanité qui a perdu les pédales, totalement sous contrôle (même la santé se veut "prédictive" ("Une journée de Dag Petersson") une humanité qui a détruit la planète sur laquelle elle vit, ("L'éternel retour", "Les sept merveilles de l'écotourisme") à coups de dérèglements climatiques, de guerres intestines ("La traversée de Paris") de caméras inquisitrices, de créatures augmentées ("Un homme si parfait") et autres joyeusetés... Un groupe de résistants baptisé le "Réseau Sénèque" tente de sauver le peu de liberté qui subsiste sur la planète et ce Réseau, on le retrouve dans toutes les nouvelles, comme un fil rouge de l'espoir...
L'espoir, je l'ai perdu assez vite (au bout de la deuxième ou troisième nouvelle) car si ces textes se lisent sans déplaisir, le plaisir n'est pas pour autant au rendez-vous. Le monde imaginé par Franceschi, qui tente de balayer toutes les erreurs et horreurs commises par les humains est certes effrayant, mais pour ma part, je l'ai trouvé prévisible. Il manque à ce recueil d'anticipation un grain de folie, quelque chose qui embarque... paradoxal, étant donné le sujet. L'écriture est trop sage, sans relief, très précise dans ce qu'elle veut décrire, mais moi, j'attends autre chose. J'attends d'être transportée, que diable ! J'attends de la folie, de la prise de risque, j'attends du lourd ! Les chutes de certaines de ces nouvelles du futur tombent carrément à plat (une ou deux m'ont amusée, sans plus), d'autres m'ont semblé incompréhensibles ou courues d'avance. Quelques textes ont même un air de déjà lu.
Dans le genre, je recommande fortement la lecture de Sylvie Lainé, dont j'avais déjà parlé ici.
"Il prit d'abord l'assistance à témoin, demandant si la stagnation du développement des singes n'était pas en fin de compte, une preuve de leur immense raison,- pour ne pas dire de leur suprême sagesse; ils n'avaient inventé ni les armes de destruction massive, ni la méchanceté gratuite, encore moins le mal radical -et ils vivraient dans une paix édénique si les hommes n'étaient pas apparus à la surface de la terre"