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Aux Bouquins Garnis
17 mai 2016

Incandescences- Ron Rash

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"La connaissance de la terre était l'unique souvenir ayant refusé de s'évaporer"

Je découvre l'américain Ron Rash avec ces douze nouvelles et grâce à ce recueil époustouflant, je retombe enfin, tête la première, dans la marmite du texte court. J'ai un peu délaissé le genre ces derniers mois, suite à des déceptions successives et quelques lectures inachevées. (j'apprends enfin à lâcher quand je ne suis pas convaincue...) La nouvelle est un genre exigeant et avec "Incandescences", on frôle  la perfection. Douze textes, un même lieu, les rudes montagnes des Appalaches, différentes époques, de la guerre de Sécession à nos jours, et des personnages, hommes et femmes, qui ont pour point commun d'être esquintés par la misère, le malheur, la cupidité, la drogue et l'envie de s'en sortir grâce à des petites combines, dans le meilleur des cas, au pire par la violence, voire le meurtre (saisissante "Lincolnites").

Chez Rash, personne n'est épargné, ni les enfants qui voient leurs parents se défoncer à la méthadone, ("L'envol", vraiment superbe !) ni les parents que leurs enfants dépouillent sans remords ( "Le bout du monde"). Les héros (anti-héros serait plus juste) de Ron Rash ne sont pas jolis jolis, n'inspirent pas particulièrement la sympathie, mais ils sont incroyablement vrais et terriblement émouvants. Nous avons affaire à un vrai nouvelliste, qui en quelques lignes, sans un mot de trop, construit une intrigue, fait vivre des personnages et ménage de formidables fins ouvertes. La nouvelle titre "Incandescences" est tout à fait exceptionnelle de la première à la dernière ligne. Sa conclusion lapidaire m'a laissé bouche bée. Et puis quelle beauté dans cette écriture épurée, économe et en même temps si puissante, si riche de détails qui résonnent et font sens, comme le cliquètement des "longues aiguilles en acier" de Lily, le craquement de la lourde encyclopédie dans laquelle Ruth se plonge, à la recherche d'un jaguar ("La femme qui croyait aux jaguars"), le cri lugubre du hibou qui obsède Boyd au point de le rendre fou ("L'oiseau de malheur")...

"Incandescences" est le premier d'une longue série puisque cette belle lecture m'a redonné l'envie : lire un recueil de nouvelles par mois (c'est mon défi à moi que j'ai ;)). J'espère bien dénicher d'autres perles.

 

"Et ce que je pense, c'est qu'il est peut-être temps d'interrompre toute reproduction humaine. Que Dieu ou l'évolution ou ce qui a pu nous mettre sur terre au départ reprenne tout de zéro, parce que là ça ne marche pas".

 

 

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Commentaires
Z
Encore un auteur à découvrir
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C
pareil qu'Aifelle !
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V
Je ne connais pas. Si je le croise sur une étagère, j'y penserais. Tes commentaires donnent envie...<br /> <br /> Bisous
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K
Oui, ses nouvelles sont de la même qualité que ses romans!!!
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J
Il est dans ma pal celui-là. Et ton challenge me plait, je vais le relever moi aussi (en commençant par un recueil de nouvelles très, très, coquines, que veux-tu, on ne se refait pas ;) )
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