Les Evénements -Jean Rolin
"C’était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contre-sens et sur toute sa longueur."
Où sont les événements prometteurs annoncés dans le titre? Je les ai cherchés tout au long de ma lecture. La France plongée dans la guerre civile, il y avait pourtant de quoi faire avec un tel sujet…
En quelques mots, (car quelques mots suffisent à résumer une intrigue aussi fine et indigente qu’une feuille de papier) nous avons là un narrateur, anonyme, qui traverse une France en déroute, en voiture, puis à pied. Il regarde, sans émotion, il décrit ce qu’il voit, beaucoup (trop…). De temps en temps, il croise des gens, aussi inconsistants que lui. Tel un robot déshumanisé, lorsque sa copine se fait enlever, son indifférence est totale. Il retourne à son observation attentive des fleurs quelques lignes plus loin.
De ce narrateur on ne sait rien, de ses motivations encore moins. Les raisons du conflit resteront elles aussi un mystère. De temps en temps un autre narrateur à la troisième personne, aussi plat que le premier, prend en charge le récit et je me suis demandé pourquoi, ce changement de point de vue n’apportant absolument rien au roman. J'aimerais dire que j'ai compris le parti pris ironique de l'auteur, sa volonté de détachement face aux atrocités, et aussi sa démonstration qui tend à prouver que malgré la guerre, il y aura toujours des fleurs ( j'en ai fait une overdose...) et du soleil et aussi des autoroutes... mais cela serait sans conviction. Les fleurs, je les aime dans les jardins ou dans des vases, mais à petites doses et surtout, j'aime les personnages qui ressemblent à quelque chose, c'est pour cela que je lis des romans. C'est bête mais c'est comme ça. Pour le plaisir de croiser des héros, pas forcément fabuleux, mais qui donnent envie de tourner les pages à toute vitesse, pour le bonheur d'être plongée dans une intrigue, familiale, guerrière, amoureuse, compliquée, simple, tout ce que vous voulez, mais une intrigue, quoi !
Rien de tout ça ici, vous l'aurez compris. Je me suis ennuyée profondément de la première à la dernière ligne et le pompon, c'est qu'il ne surgit de cette vaine lecture aucune réflexion sur notre monde actuel, sur les répercussions physiques et psychologiques d’une possible guerre... rien de rien. Allez, on zappe.