"L'odeur de la ville mouillée"- Marie Causse
Voici des nouvelles tout à fait de saison, puisque nous sommes en été et qu'il pleut. Logique. (Désolée, je ne pouvais pas ne pas la faire, vous avez vu ce temps pourri?)
Dix-sept textes, dix-sept tranches de vie dans ce recueil ayant pour point commun les nuages, la pluie, les orages, la ville aux trottoirs humides, les flaques dans lesquelles on patauge ... Ces intempéries traversent le ciel, mais aussi la vie des personnages de Marie Causse et si généralement après la pluie vient le beau temps, ici ce n'est pas toujours le cas. A la pluie succède parfois la pluie, une pluie qui permet de cacher bien des larmes...
J'ai lu ces nouvelles avec un réel plaisir malgré leur qualité inégale. Les personnages sont divers et le plus souvent solitaires (une danseuse de tango qui fait tapisserie, un présentateur météo suicidaire, une vieille dame pleine de souvenirs ...), l'écriture est sensible et juste, les histoires ordinaires et touchantes, les amours compliquées ou impossibles. (à ce sujet, la première nouvelle du recueil, "De dos et presque nue"surprend agréablement ) Quelques uns de ces textes sont légers comme une pluie d'été, d'autres ont un ton plus grave, plus orageux (si j'osais la métaphore... oui, j'ose) et c'est de loin ceux que j'ai préférés. Marie Causse écrit parfois sans frein à main, et c'est dans cet exercice qu'elle réussit le mieux, à mon avis. La nouvelle "Sur son ventre" qui aborde un sujet franchement casse-gueule (n'insistez pas, vous ne saurez pas, c'est un homme qui... et voilà) est une pépite comme j'aurais aimé en trouver plus souvent dans le recueil. Mais le principe d'une pépite, c'est d'être rare...
"Les nuages perdaient leur consistance légère et mousseuse, se chargeaient. Il n'aimait pas en comprendre les mécanismes, qui pourtant le fascinaient. Il aurait voulu ne jamais savoir ce qu'il y avait réellement dans les cumulonimbus. Voilà, cumulonimbus, c'est ça, le nom. Un nom de gentil savant fou de dessin animé pour une chose d'une telle violence. (...) Il savait aussi reconnaître les cirrus, ces grands cheveux blancs dans le ciel. Il les préférait aux autres. Il ne cherchait plus de visages ou d'animaux étranges dans leurs formes, il cherchait à prévoir le temps, il ne se trompait presque jamais."
Un grand merci à mon amie Solange, qui m'a offert ce livre de façon tout à fait inattendue, un jour où la ville sentait particulièrement le mouillé...
Billet programmé pour cause de vacances :-)