"Europeana, une brève histoire du XXe siècle"- Patrick Ourednik

17 juillet 2012

"Europeana, une brève histoire du XXe siècle"- Patrick Ourednik

Il est très difficile d'évoquer "Europeana", terminé il y a quelques heures à peine. Mon amie Philisine, à qui je dois la lecture de cet essai historique, (merci à elle:-)) s'en est très bien sortie, mais pour ma part j'ai failli renoncer, parce qu'après tout, on n'est pas obligé de chroniquer tous les livres qu'on lit...

Sauf qu'il ne s'agit pas là de n'importe quel livre. Et malgré les difficultés, je crois qu'il faut en parler pour que les gens le lisent et qu'il soit diffusé auprès du plus grand nombre. Je ne promets pas de faire aussi bien que Phili, mais je vais tout de même essayer et si je réussis à intéresser quelques curieux, ce sera déjà ça.

L'Histoire du XXe siècle est jalonnée de crimes et d'atrocités que ce petit livre entreprend de répertorier d'une façon tout à fait inédite. Ici, pas de chronologie, pas d'ordre apparent, l'auteur choisit tout simplement d'énumérer les monstruosités, les unes après les autres, sans ambages, sur un ton faussement naïf. Il donne des chiffres, des dates, livre en vrac des faits qui font froid dans le dos, revient sur ces mêmes faits quelques pages plus loin, ne se privant pas de répéter, de seriner, d'illustrer par des exemples absurdes et terribles, où l'anecdote se mêle à la Grande Histoire, les exactions commises par l'homme tout au long de ce siècle. L'écriture qui ressasse, passe du coq à l'âne, est volontairement décalée.

La placidité dont Patrick Ourednik fait preuve interpelle. Elle n'a pour but que de rappeler, si nécessaire, que l'Homme est un loup pour l'Homme, justifiant depuis toujours le besoin de massacrer son prochain par des théories et idéologies fumeuses. Cette litanie d'atrocités, répétées encore et encore, nous rappelle surtout l'importance fondamentale du travail des historiens et du devoir de mémoire.

"Europeana"fait partie des ouvrages indispensables à ce devoir.

"Quand les prisonniers de guerre soviétiques sont rentrés chez eux le gouvernement les a envoyés en camps de concentration pour qu'ils rachètent par un travail assidu leur manque d'engagement dans l'effort de guerre. " (p.71)

"En Russie communiste les enfants des ivrognes devaient arpenter tous les dimanches la place de leur ville avec une pancarte qui disait PAPA ARRETE DE BOIRE JE VEUX AVOIR MA PLACE DANS LE MONDE NOUVEAU et en Allemagne nazie les ivrognes devaient arpenter la place avec une pancarte qui disait J'AI TOUT BU SANS SONGER A MA FAMILLE. Et quand les ivrognes ne se corrigeaient pas ils étaient envoyés en camp de concentration afin de travailler au bien commun. Sur le portail des camps allemands il était écrit LE TRAVAIL REND LIBRE et sur celui des camps soviétiques NOUS TRAVAILLONS A L'ACCOMPLISSEMENT DU PLAN. Et au lieu de dire bonjour les communistes disaient VIVE LE TRAVAIL parce qu'ils jugeaient que le travail avait des vertus didactiques et que si tout le monde travaillait le communisme triompherait dans le monde. Et quand les gens disaient BONJOUR ou SALUT ou DIEU TE GARDE au lieu de dire VIVE LE TRAVAIL ils devenaient suspects et leurs voisins disaient que c'étaient de mauvais patriotes."(p. 72)

NB : A l'heure où 60% des 18-24 ans ignorent totalement les évènements du Vel d'Hiv' (gloups), il est plus que nécessaire de lire et de faire lire "Europeana". La mémoire s'efface, mais pas les livres...

Avec ce livre et ses presque cent cinquante pages de monstruosités, je participe au challenge de Za.