Carnets noirs- Stephen King
"Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière"
Je n'étais pas forcément tentée de lire la suite de Mr Mercedes, que j'avais trouvé excellent. Les suites, on le sait bien, ça passe ou ça casse... Et finalement, un jour comme les autres, c'est à dire un jour où j'avais envie de livres, j'ai acheté "Carnets Noirs". Ouf ! Il se trouve que ça passe, et largement :)
Après une formidable et terrifiante entrée en matière, l'assassinat de l'écrivain John Rothstein, (pourquoi mais pourquoi ai-je pensé à Phillippe Roth tout au long du roman ;) adoré et maudit par ses lecteurs lorsqu'il prit sa retraite et abandonna du même coup son personnage culte Jimmy Gold, héros de la fameuse série "Le coureur", nous voilà plongés dans une sombre histoire de carnets, que l'un (Morris, le fan assassin) pensait posséder et que l'autre, le jeune Pete Saubers, grand lecteur et admirateur de Rothstein, mais qui lui, n'est pas fou, découvre par hasard dans une vieille malle où Morris les avait planqués. La famille de Pete est dans l'impasse depuis le massacre du Citycenter où Tom Saubers, le père, a été gravement blessé. Dans la malle se trouvent les carnets moleskine de Rothstein et de l'argent, beaucoup d'argent...
Bon sang, quel plaisir que ce roman ! Sans doute est-il arrivé à un moment où j'en avais besoin -après une lecture emmerdante au possible et finalement abandonnée-, sans doute est-il plein de défauts,- la traduction, notamment, est bizarroïde avec la supression de la plupart des négations... pour faire djeun? Mais King a t-il besoin de faire djeun ?! Sans doute "Carnets noirs" est-il trop classique, ou pas assez, trop ci, pas assez ça... Et pourtant, je me suis régalée ! J'ai adoré retrouver Bill Hodges, en pleine forme et au régime, son improbable Holly, son ami Jérôme, l'horrible Brady réduit à l'état de légume (humhum..) j'ai eu la frousse bien comme il faut et je trouve le talent de King toujours aussi étourdissant lorsqu'il s'agit de dépeindre les criminels les plus atroces et les adolescents aussi... Le personnage de Pete est très attachant, de même que celui de sa petite soeur et leur relation est belle et forte. J'ai aimé ne pas retrouver, comme on pouvait le craindre, un ressucé de Misery, mais une intéressante exploration des pouvoirs de la fiction, de l'amour inconditionnel, mêlé de haine, pour un auteur et son oeuvre... Pas de fantastique dans ces " Carnets noirs" mais on le sent poindre à certains moments et il fera sûrement son grand retour dans "Fin de ronde", dernier volume de la trilogie, que je lirai probablement cet été.
Du très bon King, une histoire extrêmement bien troussée, des méchants très méchants, un formidable suspense et des livres, des livres... Stephen je t'aime !
Un bon romancier ne crée pas les événements de son histoire, il les regarde se dérouler et ensuite il les écrit. Un bon romancier finit par réaliser qu’il est secrétaire, et non pas Dieu ».
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