Le nouveau nom (jeunesse)-Elena Ferrante
"Même si tu es mieux que moi, même si tu sais plus de choses que moi, ne m'abandonne pas !"
Un grand bonheur que ce deuxième épisode de la série "L'amie prodigieuse"... Je m'attendais à quelque chose de bien, le premier tome ayant comblé toutes mes attentes. Mais là, je suis bluffée. Elena Ferrante et ses héroïnes en état de grâce et le lecteur avec... Pas moins.
Lila Cerullo a changé de nom. Elle est devenue Madame Carracci. Son mariage est un échec, Lila ne cachant pas le dégoût que lui inspire son mari Stefano, l'épicier, coupable de trafiquer avec les petits mafieux du quartier, les Solara, et de leur avoir vendu les chaussures crées par la jeune femme, malgré sa promesse (voir tome 1). Quant à Elena, étudiante studieuse, elle mène sa barque tant bien que mal, minée par un complexe d'infériorité dû à ses origines plus que modestes et à son prétendu manque d'intelligence. Elle est toujours amoureuse de l'inaccessible Nino Serratore, "le fils du poète" qui tient une place importante dans cette seconde partie. Lila et Elena sont amies, s'éloignent, se rapprochent... leurs chemins de vie diamétralement opposés ne les empêchent pas de se retrouver, encore et toujours.
Lorsqu'on a le nez plongé dans cette saga, on ne peut en sortir avant la dernière ligne, happé par l'écriture incroyable de l'auteure, puissante, poétique, d'une fluidité totale, par la vie qu'elle transmet à ses personnages. Lila et Elena sont en effet entourées comme dans le premier tome, d'une foule de comparses, tendres et féroces, séduisants ou repoussants, pour la plupart inoubliables. "L'Amie prodigieuse" tome 2 n'est pas seulement la poursuite du récit d'une amitié remarquable, indéfectible malgré les épreuves qui la mettent à mal. ça aurait suffi à en faire un excellent roman, mais il est bien davantage...
L'Italie, chaude, bruyante magnifique, défile sous nos yeux. Les défis que représentent la réussite sociale, l'émancipation des femmes - y compris sexuelle -, la volonté de vivre libre, dégagé du joug masculin sont vécus aussi bien par Lila que par Elena, malgré des trajectoires différentes. Elles sont tous les deux belles et fortes, veulent vivre totalement et intensément, en dépit des obstacles, et ils sont nombreux. Je les retrouverai avec joie dans le troisième volet. Je ne me jetterai pas dessus, comme pour le premier, histoire de faire durer le plaisir...
"Je ne possédais pas cette puissance émotionnelle qui avait poussé Lila a tout faire pour profiter de cette journée et de cette nuit. Je demeurais en retrait, en attente. Alors qu’elle, elle s’emparait des choses, elle les voulait vraiment, se passionnait, jouait le tout pour le tout sans crainte des railleries, du mépris, des crachats et des coups"