"La patience des buffles sous la pluie"- David Thomas
Curieux petit livre que celui-ci. Je n'en attendais rien de particulier, j'avais juste envie de découvrir depuis sa sortie ce qui se cachait derrière un aussi joli titre. Mais comme je suis patiente comme un buffle sous la pluie, ( on est dimanche à l'heure où j'écris ce billet, il est donc permis de faire des comparaisons toutes pourries et celle-là me tendait les bras...) je ne l'ai pas acheté (on ne peut pas tout acheter, vous êtes d'accord) et c'est Asphodèle qui me l'a gentiment prêté. Merci Miss Aspho ! :-)
Poétique, intrigant, ce titre, n'est-ce pas? Le contenu du livre l'est tout autant.
Il s'agit d'un ensemble de petits textes, très courts, pas vraiment des nouvelles, plutôt des instantanés, plus ou moins reliés entre eux, mais pas vraiment... mais quand même un peu. (Je sais, c'est pas clair, mais on est toujours dimanche) Des textes qui parlent de la vie, de l'amour, du couple, du sexe, du temps qui passe, de la solitude, avec rudesse parfois, avec tendresse souvent. Je les ai lus d'une traite, sans doute aurait-il fallu picorer davantage... Je n'ai pas pu. Un texte en appelle un autre, et puis un autre et encore un autre... J'avoue, j'ai de temps en temps regardé le sommaire, juste pour savoir s'il en restait beaucoup à lire. Je n'avais pas envie que ça se termine.
Bien sûr, ces"microfictions" ( je crois qu'on peut les qualifier ainsi, même si cela n'a rien à voir, vraiment rien à voir avec celles de Régis Jauffret -heureusement en ce qui me concerne -) ne sont pas toutes excellentes, certaines tombent un petit peu à plat, mais la plupart impressionnent par leur justesse, leur côté à la fois désopilant et tragique. J'ai été frappée par la qualité d'écriture de David Thomas, -des phrases courtes, essentielles, fulgurantes-), par sa capacité à parler de nous à travers ce "je" qui traverse tous les textes ( qui est aussi bien un homme, une femme, un vieux, une jeune fille... ), à dire des choses aussi compliquées que la vie avec peu de mots. Juste ceux qu'il faut.
"Une femme pour moi, c'est des sons. Je me souviens d'une qui faisait toujours claquer ses ongles en joignant son pouce et son annulaire. Une autre, c'était les légères succions de sa langue quand elle dormait, une autre c'était ses gargouillis, quand elle avait faim, elle était pire qu'un lavabo. Elle, ce qui la caractérise le plus, c'est le bruit de son sourire, elle salive tellement que quand elle sourit, sa bouche fait le bruit de bulles qui éclatent. J'aime bien ce bruit. Quand elle n'est pas là, je me le mets en boucle, ce bruit." (p. 65)
Asphodèle en parle très bien, Jeneen aussi.
Encore une participation au challenge "Animaux du monde" de Sharon.