Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux Bouquins Garnis
28 mars 2012

"La Bourse"- Honoré de Balzac

phbourse22 J'ai lu beaucoup de classiques pendant mes études de lettres. Je les aime. J'en relis certains de temps en temps et j'en découvre d'autres. S'ils n'ont encore jamais été chroniqués sur ce blog, c'est pour deux raisons, enfin trois :1. je blogue depuis peu. 2. je privilégie les contemporains malgré tout. 3. Je trouve ça intimidant, de critiquer les classiques. Vous allez me dire, "n'est-ce-pas ce que tu as fait pendant tes études"? et je vous répondrai :"certes, mais c'était différent. On ne me demandait pas mon avis sur les livres, juste de les décortiquer pour en tirer "la substantifique moelle". (vous voyez, je n'ai pas tout oublié !) On se fichait bien de savoir si j'aimais Balzac ou pas, si Flaubert me sortait par les trous de nez ou si au contraire, je le vénérais. Fallait analyser, analyser, analyser.

Vous l'avez compris, chroniquer Balzac, c'est quand même pas si simple. Cuné le fait très bien, mais moi, sans fausse modestie, je ne sais pas si j'ai le droit. C'est bête, je sais. Seigneur Balzac, pardonnez-moi d'oser faire un billet sur vous.

Bon, je me lance... 

Une petite nouvelle charmante du grand Balzac recommandée par Cuné est donc arrivée entre mes mains. Il s'agit de "La Bourse". Vite lue (une trentaine de pages), elle contient en germe les thèmes chers à l'auteur:  l'argent, l'amour, l'art, et une intrigue bien ficelée. 

Un jeune peintre prénommé Hyppolite, dont le talent commence à être reconnu, fait une chute dans son atelier. Cette chute providentielle va lui permettre de faire la connaissance de sa jeune et belle voisine Adélaïde et de la mère de celle-ci. Il tombe éperdument amoureux de la demoiselle et cette passion est partagée. Toutefois, lorsque la bourse d'Hyppolite disparaît, ses soupçons se portent sur les deux femmes, dont la pauvreté, qu'elles tentent de cacher, ne lui a pas échappée...

Cette courte lecture fut un réel plaisir et l'occasion de retomber dans les bras de Balzac. J'ai beaucoup aimé cette délicate peinture de l'amour qui naît, s'élève, s'épanouit, tout en conservant une pudeur délicieusement surannée. Les tourments de l'amour contrarié sont aussi décrits de façon remarquable, avec tous les excès romantiques propres  au siècle de Balzac, mais un côté tout à fait intemporel, lorsque le peintre, follement épris, cherche des excuses à la jeune fille qui l'aurait volé et tente de se dissimuler une vérité qui lui fait mal...

"Le vol était si flagrant, (...) qu'Hyppolite n'eut plus de doutes sur la moralité de ses voisines; il s'arrêta dans l'escalier, le descendit avec peine; ses jambes tremblaient, il avait des vertiges, il suait, il grelottait, et se trouvait hors d'état de marcher, aux prises avec l'atroce commotion causée par le renversement de ses espérances. Dès ce moment, il pêcha dans sa mémoire une foule d'observations, légères en apparence, mais qui corroboraient ses affreux soupçons(...) puis il essaya, pour ne point renoncer à ses illusions, à son amour déjà si fortement enraciné de chercher quelque justification dans le hasard (...) il excusait alors Adelaïde en se disant qu'on ne devait pas juger si promptement les malheureux. Il y avait sans doute un secret dans cette action en apparence si dégradante.(...)

Perdre un bonheur rêvé, renoncer à tout un avenir, est une souffrance plus aigüe que celle causée par la ruine d'une félicité ressentie, quelque complète qu'elle ait été: l'espérance n'est-elle pas meilleure que le souvenir?"

Pour conclure, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager un autre tout petit extrait : 

"Tous deux, pendant ce rapide instant, ils ressentirent une de ces commotions vives dont les effets dans l'âme peuvent se comparer à ceux que produit une pierre jetée au fond d'un lac. Les inflexions plus douces naissent et se succèdent, indéfinissables, multipliées, sans but, agitant le coeur comme les rides circulaires qui plissent longtemps l'onde en partant du point où la pierre est tombée."

C'est quand même beau...


Publicité
Publicité
Commentaires
K
Mais si tu as raison d'en parler! je n'ai pas fait d'"études classiques" et ça me plait d'aborder ces auteurs là, comme on parlerait d'un auteur plus contemporain (au grand dam je suppose des élèves qui viennent pomper sur nos blogs...)
Répondre
P
J'aime beaucoup Balzac et je trouve très rafraîchissant de relire les classiques et de les commenter comme n'importe quel contemporain.
Répondre
C
J'aime bien Balzac aussi, j'ai déjà présenté La maison du Chat-qui-pelote. N'hésite pas à parler d'autres œuvres !
Répondre
C
Oh oui, c'est beau. La langue de Balzac est à nulle autre pareille, ton billet m'enchante :))
Répondre
Aux Bouquins Garnis
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité