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Aux Bouquins Garnis
19 juillet 2018

Dans la forêt- Jean Hegland

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"J'ai vécu dans une forêt de chênes toute ma vie, et il ne m'est jamais venu à l'idée que je pouvais manger un gland"

Nell et sa soeur Eva s'apprêtent à vivre un étrange Noël. Leurs parents sont morts, les jeunes filles vivent seules, dans une propriété aux abords de la forêt, sans électricité, sans essence, sans contact extérieur autre que des échos assourdis (certains partent à l'Est où la situation serait meilleure, sans savoir ce qu'ils vont y trouver) sans tout ce que la civilisation a pu apporter jadis en terme de confort. De confort, il n'est plus question car dehors, c'est le chaos,  les motifs du dérèglement restent flous, mais Eva et Nell sont passées en mode survie. Leur existence désormais consiste à se restreindre, se soigner avec les moyens du bord, économiser, cultiver ce que la terre peut encore fournir pour se nourrir, attendre, espérer un retour prochain à "la normale", très hypothétique...

Ce roman post-apocalyptique, passionnant de bout en bout, m'a évidemment rappelé" Le mur invisible" (merveille des merveilles) sauf qu'on a affaire à deux protagonistes, ce qui ne rend pas la stuation forcément plus facile. Elles sont si différentes, Eva et Nell...

Nell, la narratrice, dont nous découvrons le journal, se destinait à de brillantes études, sa soeur ne rêvait que de danse. Les rêves sont remisés pour l'une et l'autre et dans l'épreuve, elles vont apprendre à se connaître, à s'affronter parfois, à résister, à vivre autrement...

La forêt, terrifiante et fascinante, joue un rôle central dans ce long parcours initiatique. Le temps est véritablement suspendu lorsqu'on lit ce livre : à l'instar des deux soeurs, le lecteur est totalement happé par la forêt, par ce drame à la fois brutal et cotonneux, et ne peut s'en extraire qu'au prix d'immenses efforts. 

j'ai été soufflée par la beauté de ce roman poignant, par la portée du message qu'il véhicule (il a été écrit en 1996 et ses accents visionnaires font froid dans le dos...). Jean Hegland nous invite à réfléchir sur le monde qui nous entoure, ce que nous en faisons, ce qu'il pourrait advenir si nous n'y prenons garde. Sous- jacente et essentielle, se pose la question de la civilisation de demain : si tout était à reconstruire, il est impératif de penser un modèle autre, moins vorace, plus respectueux de la nature, notre ressource première dont nous usons et abusons jusqu'à l'extinction probable.

Une vraie merveille ! 

"Je n’ai jamais vraiment su comment nous consommions. C’est comme si nous ne sommes tous qu’un ventre affamé, comme si l’être humain n’est qu’un paquet de besoins qui épuisent le monde. Pas étonnant qu’il y ait des guerres, que la terre et l’eau soient polluées. Pas étonnant que l’économie se soit effondrée"

 

 

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Commentaires
M
Je l'ai vue au festival America le week-end dernier... j'ignorais qu'elle avait écrit ce livre en 1996, je pensais que c'était un roman qui venais de sortir !
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A
Qu'est-ce que j'avais aimé cette lecture.
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P
Eh oui, on n'a pas du tout le même ressenti !
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S
Il est dans ma PAL, j'ai le projet de le lire pendant les vacances.
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P
J'ai adoré cette histoire qui m'a beaucoup marquée. C'est une vraie réussite
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