Les garçons de l'été- Rebecca Lighieri
"Tout le monde préfère le mensonge à la vérité. Surtout les adultes."
Zachée et Thadée Chastaing sont frères. Ils sont beaux, brillants, sportifs, irrésistibles. Leurs parents les adulent, surtout leur mère, Mylène, aimante mais stricte. Mylène les a élevés, ses deux garçons, pour qu'ils réussissent tout dans la vie. Elle n'en est pas peu fière. Il y a aussi une petite soeur dans la famille, prénommée Ysé. Un peu en retrait, elle a des passions étranges (elle adore les insectes et a un talent certain pour le dessin macabre).
La vie semble aller tout doux pour les Chastaing lorsqu'un terrible accident vient mettre un terme définitif au bonheur du clan : alors qu'il surfe sur l'île de la Réunion, Thadée est attaqué par un requin. Il y perdra une jambe. De retour chez lui, le jeune homme mutilé semble dévoré par l'amertume et la jalousie envers tous ceux qui n'ont pas vécu son drame, en particulier son frère cadet. La part sombre de Thadée qui émerge après l'accident devient chaque jour plus inquiétante et menaçante pour ceux qui l'entourent...
Je n'en raconte pas plus, car il est difficile de résumer sans tout révéler. Je dirai simplement quel dommage ! Oui, quel dommage qu'un livre (roman choral, j'avais pourtant dit plus jamais, je suis bien faible sur ce coup là) aussi prometteur, écriture agréable et fluide, suspense psychologique d'excellente qualité, personnages bien campés... tourne à ce point à l'eau de boudin.
J'ai aimé ce livre, vraiment beaucoup, jusqu'à environ la moitié. Comme disait un de mes collègues qui m'a conseillé cette lecture : "on est pris dans les filets." C'était le cas au départ. Mais allez savoir pourquoi (enfin, si je sais ... je n'aime pas qu'on me prenne pour une andouille) après un début enthousiasmant, soudain je n'accroche plus. Le jargon du surf dont l'auteure use dès le départ, histoire de poser le contexte, devient envahissant, limite insupportable. La façon dont chaque personnage s'exprime ne permet pas du tout de les distinguer, (roman choral tu sers à rien) l'uniformité du style étant simplement émaillé de quelques vulgarités et argot banlieue pour faire "djeun"... avec les personnages jeunes. Simple, pas cher. Et inutile selon moi.
Mais surtout, surtout, les rebondissements qui fonctionnaient si bien jusque là prennent un tour improbable. Grotesque. Impossible de croire à ce Thadée affublé soudain de toutes les tares, au fonctionnement psychologique de cette petite fille antipathique au possible, à cette vengeance trop bizarre, à cette virée du côté de chez Stephen King (le pauvre...). Et ce final ridicule... les bras m'en sont tombés.
Je ne comprends pas du tout ce qu'a voulu faire Rebecca Lighieri avec ce roman qui aurait pu être formidable. C'est gâché.
"Si je devais pourrir au fond de mon cercueil et conserver un atome de conscience, je l'emploierais à souhaiter ardemment que mes proches se morfondent et que leur vie soit aussi pourrie que ma mort."