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Aux Bouquins Garnis
15 décembre 2012

"Avenue des Géants"- Marc Dugain

 

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Al Kenner est un colosse de 2,20 m dont le QI est supérieur à celui d'Einstein. Lorsque le roman commence, il est en prison depuis 30 ans. Adolescent, Al a tué ses grands-parents le jour de l'assassinat du président Kennedy, qui lui "vola la vedette".

 J'étais très impatiente de lire ce roman, mon premier Dugain,- inspiré de faits réels- et même si je n'en fais pas tout à fait un coup de coeur, (mais un coup au coeur, ça c'est sûr) il est certain qu'"Avenue des Géants" est un livre qui frappe fort. Par sa construction impeccable, alternant le présent de Al emprisonné et son passé douloureux - un père parti très tôt, une mère haineuse et destructrice-, Marc Dugain balade son lecteur de façon magistrale. Chaque page tournée me rapprochait de ce que je pressentais, et ...

Je ne dis rien, lisez-le, sauf si vous êtes vraiment trop sensible, car ce qui est raconté est terrible. Notez que je n'ai pourtant pas un coeur de pierre, mais l'attraction a été plus forte que ma trouille...

  La vision que propose Marc Dugain d'Al Kenner se veut réaliste. Sans guère d'affect. (j'ai cherché, je n'ai pas trouvé grand chose de ce côté là...). Ce personnage- je parle bien du personnage de roman, la réalité des faits ne m'intéressant pas ici- est d'une lucidité effrayante, traduite par une écriture étincelante :  l'immersion dans la tête d'un fou, précise et glacée comme un scalpel, est totale. Certains lecteurs lui ont trouvé un petit quelque chose de sympathique... Moi pas du tout. Pas moyen. Le rejet dont il est victime depuis l'enfance n'a pas suscité chez moi la plus petite empathie. Et le mépris qu'il affiche envers les autres, notamment sa visiteuse, ou encore ses soeurs, a fini de me le rendre détestable.

Il n'empêche, quel personnage !

 Le rythme du récit, d'une lenteur calculée, épouse sa réflexion. Froidement, Al Kenner analyse les pulsions et les émotions qui l'habitent. Une prouesse littéraire qui fait froid dans le dos. Mais une prouesse littéraire quand même. 

 Je voudrais aussi souligner l'analyse remarquable des relations familiales -désastreuses-, (pas uniquement celles de Al Kenner) des failles profondes d'un système judiciaire complètement dupé, des pulsions meurtrières qu'Al tente vainement de refouler, d'une Amérique fracturée entre le mouvement hippie contestataire et la guerre du Vietnam qui fait des ravages... 

Ce livre est suffoquant. Si vous tenez bon jusqu'à la fin, attendez-vous au choc.

Extraits :

- "P'pa, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c'est que j'ai tué grand-mère. La mauvaise c'est que j'ai tué aussi grand-père. Je t'assure que c'était pour lui éviter la peine de voir grand-mère morte."

                                                      ***

"Je n'ai jamais connu que deux grandes peurs : la peur de la confrontation physique, rarissime compte tenu de mon gabarit, et la peur de moi-même, qui a empoisonné toute ma putain de vie."

                                                    ***

 L'enfer n'est jamais loin du paradis, mais les gens ne veulent pas le savoir, ils dorment comme si une bonne étoile veillait sur eux. Ils passent leur temps à se construire des enclos pour les chèvres naines qu'ils sont. Ils amassent, collectionnent, le regard fixé sur la pointe de leurs chaussures. Ils ne leur vient jamais à l'idée de se demander ce qu'ils fichent là."


   Alex l'a lu, Théoma aussi, Kathel également, tout comme Keisha ou encore Clara, Ys et Malika

 

Voilà quelque temps que mon chemin n'avait pas croisé celui d'un monstre littéraire, pour le challenge de Za :

 

monstre118-copie-1

 

 

 

 

 

Et une nouvelle Histoire de famille pour Sharon :

 

 

Lecture

 

 

 

 

 

Edit : J'ai failli ne pas publier ce billet. Un billet sur un tueur, en plus, alors que des gamins se sont faits massacrer dans une école par un taré, pas plus tard qu'hier ... Je sais que c'est idiot et que ça n'a rien à voir, mais j'en ai gros sur la patate. 

Je publie quand même, en me demandant à quoi peut bien servir la littérature lorsque se produisent de tels drames?

 

 

 

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Commentaires
L
Commencé hier, alors j'ai lu ton billet en diagonale, je reviendrai ensuite !
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D
Bonjour Une comète, j'ai trouvé ce roman remarquable tant du point de vue de l'écriture que de la narration. L'histoire ne m'a pas traumatisée, cela reste un roman. Bonne journée.
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B
Bonjour, vous trouverez de nombreux auteurs de romans policiers/thrillers sur le nouveau site polar/noir bibliometrique.com que je vous invite à visiter. A bientôt
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S
Merci pour ta participation.<br /> <br /> Je ne te cache pas que je ne le lirai pas.
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Y
Je doute que ce genre de tueur soit aussi lecteur...
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