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Aux Bouquins Garnis
18 octobre 2012

"Certaines n'avaient jamais vu la mer"- Julie Otsuka

 

9782752906700Au début du XXème siècle, des centaines de japonaises émigrent aux Etats-Unis où les attend un homme, leur futur mari, tout juste aperçu sur une photo. Elles espèrent un bon mariage, l'amour, la prospérité. Elles n'auront rien de tout cela. L'Eldorado américain ne sera fait que de labeur, de misère, de brutalités, d'exclusion...

Julie Otsuka donne la parole à ces femmes que l'Histoire a oubliées : en choeur, sans plaintes ni larmoiements, elles racontent l'exil, les mauvais traitements, les espoirs déçus, les nombreux enfants qui naissent,"sous un chêne", " près d'un poêle à bois", ou "parmi les vignes", vivent ou meurent, s'éloignent et parfois les rejettent. "Certaines n'avaient jamais vu la mer " est un roman à l'ambiance très particulière, tout à fait unique : ce "nous" répété tant de fois qui entrecroise les destins de Nagako, Ayumi, Sumiko et toutes les autres, se transforme en mélopée tragique et lancinante, à laquelle il est difficile de rester insensible. Quelle belle écriture !

En revanche, si la langue est d'une beauté fulgurante, allez savoir pourquoi, je n'ai pas été tellement touchée par l'histoire de ces femmes, pourtant ce qu'elles racontent est terrible... Je dois être une vilaine sans coeur, ou alors c'est ce "nous" qui m'a empêchée d'adhérer, de m'attacher précisément à l'une d'entre elles, de la suivre du début jusqu'à la fin de son difficile parcours. J'adore pourtant les romans polyphoniques, mais ici, j'aurais aimé un "je"... plus romanesque.  

Je rejoins également Théoma lorsqu'elle dit avoir eu l'impression de lire une longue liste. J'ai ressenti la même chose, d'où mon avis un peu mitigé sur ce roman. C'est dommage.

Peut-être n'était-ce tout simplement pas le bon moment...

"Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté -hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage."


Parfait pour le challenge de Litote :

78223369_p

 

 

 

Et celui de Catherine :

 

Dragon2012eau

 

 

 

Elles en ont parlé :

Kathel, Theoma, Philisine et sûrement beaucoup d'autres...

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Commentaires
A
Dans le premier " Quand l'empereur était un dieu", il y a, j'ai trouvé, la même fulgurance du style, et cette fois, on suit un destin individuel ( enfin, c'est celui d'une famille, en fait). J'ai adoré les deux, mais c'est vrai qu'il y a la même distance qui peut paraître froide sur l'expression des sentiments. (quoique ... )
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E
Moi non plus je n'ai pas accroché puisqu'on a l'impression qu'il n'y a pas de personnage à suivre, je n'ai pas été touchée non plus malgré la tristesse du sujet et les listes à répétition, c'était très pénible.<br /> <br /> Le seul intérêt était le sujet, que je ne connaissais pas.
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J
Il me tente malgre tout, on verra. Du coup mes attentrs seront moins fortes ! ;-)
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M
Je pensas trouver un article sur Anna !! ...Mais ce billet si m'intéresse aussi, je me posais en effet quelques questions concernant ce roman !!
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C
Merci pour le challenge. J'ai quand même prévu de lire ce livre malgré les deux avis mitigés. Bonne continuation.
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