"Un minuscule inventaire"- Jean-Philippe Blondel
Antoine, professeur d'anglais, se sépare de sa femme, Anne. Elle a la garde de leurs deux enfants, Mathilde et Léo, et un nouveau compagnon dentiste. A Antoine, il reste les souvenirs, son amitié avec Fabrice, et des objets qu'il décide de liquider lors d'une brocante, avant de larguer les amarres et de démarrer une autre vie. On s'en doute, derrière la vieille couverture jaune, le cadre en bois peint, les boucles d'oreilles qu'Antoine cherche à brader, il y a un peu, beaucoup de son histoire. Chapitre après chapitre, sont révélés des secrets de famille, des douleurs indicibles, des cicatrices mal refermées, des blessures et des serments d'amitié, de l'amour, beaucoup d'amour qu'on n'a pas voulu ou pas su donner...
Et voilà un livre magnifique, le deuxième que je lis de cet auteur. Un livre tout rempli d'âme, comme les objets d'Antoine. L'écriture pudique et tendre, la mélancolie qui colore chacune des pages et évite la tristesse, les histoires des objets et des gens, (celle du bob bleu et blanc m'a particulièrement touchée, allez savoir pourquoi...) j'ai tout aimé dans ce roman. Mention spéciale à une subtile construction en deux parties, la première centrée sur Antoine et les objets, la seconde sur les acquéreurs, permettant d'établir des liens inattendus et qu'on pourrait trouver tirés par les cheveux... Mais non. C'est tout simplement beau et on a envie d'y croire, à cette boucle du destin, à ces objets jamais tout à fait perdus...
"Un minuscule inventaire" est un grand livre.
Merci à mon amie Philisine pour cette belle lecture ! Découvrez son avis ici.
"Tout cela il fallait le brader.
Tout.
Une lampe de chevet(...) , un cadre rouge en bois peint, une pile de magazines de cinéma, un cendrier en métal doré, un dictionnaire d'espagnol, un service à thé(...), un stylo plume à fines dorures et une couverture en laine jaune (...).
Dans l'air, des particules de poussière restaient indécises, en suspension. Je ne me souvenais plus des derniers objets que j'avais rangés - à un moment donné, j'avais perdu le contrôle, cette envie d'en découdre et de couper tous les ponts.
J'ai jeté un coup d'oeil aux cartons empilés devant la montée d'escalier- mon minuscule inventaire".
Ce roman est une nouvelle (et pas des moindres! ) contribution au challenge d'Evy.