"Le temps des métamorphoses"- Poppy Adams
Deux sœurs, Virginia et Vivien Stone, se retrouvent après presque cinquante ans de séparation.
Ces retrouvailles ont pour cadre le le manoir de leur enfance, bizarrement vidé de ses meubles, où habite toujours Virginia, vieille femme solitaire rongée par l'arthrite. Ce lieu glacé, austère, situé au fin fond de la campagne anglaise, fut le théâtre d'expériences scientifiques menées jadis par Virginia et son père Clive, unis par leur passion commune des lépidoptères, mais pas seulement. En effet, le mystérieux retour de Vivien va bientôt faire éclater de tragiques secrets, bien à l'abri derrière les murs du manoir depuis de longues années...
J'ai été surprise de découvrir quelques critiques plutôt négatives de ce roman que pour ma part, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire. L'ambiance y est inquiétante à souhait (je n'aurais pas aimé passer des vacances au manoir, je vous assure : trop de bruits étranges, trop de portes, trop d'escaliers, trop de lépidoptères gluants...). La narration, menée de bout en bout par Virginia, alterne entre les événements présents, à savoir le retour de Vivien et l'ambiguïté des relations entre les deux sœurs (Vont-elles se balancer la théière à la figure ou au contraire se jeter dans les bras l'une de l'autre? J'ai été sans cesse sur le qui-vive pendant cette lecture et ça m'a plu...) et ceux -tragiques- du passé, distillant ainsi le suspense et permettant au lecteur de reprendre -un peu- son souffle avant une autre révélation ... toujours plus terrible.
J'ai été baladée au point de me demander si le roman n'allait pas prendre une tournure fantastique... je me suis d'ailleurs imaginé plein de choses, toutes fausses bien entendu.
Je n'en dirai pas plus car « faut pas gâcher », mais si vous aimez les atmosphères à l'anglaise un tantinet anxiogènes, les maisons grouillantes de secrets, les retournements de situation et les lépidoptères gluants, ce livre est fait pour vous. De plus l'écriture de Poppy Adams est élégante et fluide, ce qui ne gâche rien. « Le temps des métamorphoses » n'est certes pas du niveau de « "Rebecca ", (en même temps, qu'est-ce-qui est du niveau de « Rebecca », je vous le demande) mais un bien bon roman tout de même. On lui pardonnera d'autant plus facilement quelques longueurs et digressions scientifiques en échange des frissons qu'il procure.
Un extrait:
"J'ai entendu la cloche cette nuit, plus forte et plus claire que jamais- et voilà qu'elle sonne à nouveau, quoique que je ne sache jamais si elle sonne vraiment. Parfois pendant l'orage il m'arrive aussi de l'entendre, alors qu'elle se trouve à l'autre bout de la maison, mais, tandis que le battant vient rebondir de temps en temps contre le bord des parois, c'est moins un bruit de gong qu'un lointain tintement. A d'autres moments, je l'entends sonner dans mon sommeil ou quand il fait très lourd dehors. Alors je sais que ce n'est pas la vraie cloche, mais mes continuels bourdonnements d'oreille, la réverbération de cette unique sonnerie qui est emprisonnée dans ma tête depuis mes onze ans, s'atténuant certes mais ne cessant jamais de se prolonger, refusant de s'éteindre : la sonnerie que j'ai entendue en la regardant tomber."
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