"L'enfant qui ne pleurait pas"- Torey Hayden
Ce livre est un cadeau. D'abord, parce qu'il m'a été offert par ma chère amie Virginie. Mais aussi parce qu'il s'est révélé être un véritable coup de coeur, et les coups de coeur littéraires, finalement assez rares, sont pour moi de vrais cadeaux... Cette semaine, j'ai donc été bien gâtée.
Torey est une enseignante en charge d'enfants difficiles, atteints de troubles comportementaux et autres déficiences. Elle y consacre beaucoup de temps et d'énergie.
L'arrivée dans sa classe de la petite Sheila ne va pas lui simplifier les choses. En effet, à six ans à peine, Sheila est en attente de placement en hôpital psychiatrique. Victime de violences et d'abandon, elle s'est à son tour rendue coupable d'un acte abominable.
Sheila est dure, violente. Elle casse, frappe, détruit. Privée de soins, d'amour, il faudra toute la compétence, la patience inépuisable et la tendresse de Torey pour que se révèle peu à peu une petite fille extrêmement intelligente et attachante. Ce récit est le parcours d'une année scolaire chaotique, faite de doutes, d'espoir, de moments de découragement souvent. Comment Sheila s'en sortira t-elle? Torey parviendra t-elle à convaincre son entourage des qualités exceptionnelles de cette petite fille si malmenée par la vie? L'hôpital pourra t-il lui être évité?
Cette expérience, racontée par Torey elle-même, m'a passionnée. Son écriture remarquable, à la fois dense et sobre, nous place au coeur des évènements, sans misérabilisme d'aucune sorte.
J'ai aimé la petite Sheila, j'ai été horrifiée par tant de souffrances chez un petit être qui se refuse à pleurer pour "ne pas qu'on lui fasse du mal". J'ai admiré le dévouement de Torey, son courage, sa profonde humanité, sa capacité à se remettre en question et à douter. On reste baba devant tant d'amour, car c'est bien de cela dont il s'agit...
J'ai refermé le livre le coeur serré.
Merci ma p'tite Ninie :-)
" Elle arriva le 8 janvier. Entre le moment où je décidai de l'accepter et le matin de sa venue, je n'entendis plus parler d'elle, ne reçus aucun dossier, n'appris rien sur son milieu familial, son passé. Tout ce que je savais, je l'avais lu dans un article de deux paragraphes sous les bandes dessinées de la page 6, un mois et demi plus tôt. Mais je suppose que cela n'avait pas d'importance. Rien n'aurait pu me préparer de manière adéquate à ce qui me tomba dessus.(...)
Nous nous regardâmes. Elle s'appelait Sheila. Elle avait six ans et demi, presque; c'était un minuscule bout de chou aux yeux hostiles, aux cheveux emmêlés, et qui sentait très mauvais. Je fus surprise de la voir si petite. Le garçonnet de trois ans devait presque avoir la même taille qu'elle. Vêtue d'une salopette de jean usée et d'un tee-shirt de garçon rayé, aux teintes fanées, elle ressemblait à ces gosses que l'on voit sur les affiches de l'aide à l'enfance."
J'aurais bien proposé un autre extrait, mais je n'ai pas réussi à choisir...