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Aux Bouquins Garnis
29 février 2016

La renverse- Olivier Adam

 

 

la-renverse-d-olivier-adam-flammarion

Combien de personnes successives, contradictoires, opposées, inconciliables abritons-nous en nous-mêmes?

 L'autre jour, je parlais d'Olivier Adam avec une copine. Elle me disait :" avec lui, y 'a toujours du vent et des falaises..." en soupirant. En  effet, dans "La renverse" il y a encore et toujours le vent, les fameuses falaises, et surtout ces mêmes personnages  pris dans la tempête dont personnellement je ne me lasse pas, sans doute parce que j'ai été ferrée sur le tard. A présent, c'est du sérieux avec Adam et ça n'est pas prêt de changer tant j'ai aimé ce dernier roman.

Antoine, 25 ans, est un homme solitaire, employé de librairie en Bretagne. Sans affect, sans attaches, (depuis dix ans sa famille disloquée s'est éloignée, on va comprendre pourquoi tout au long du livre) sa petite amie n'en est pas vraiment une. Le passé qu'il cherche à fuir va le rattraper lorsqu'il apprend la mort de Jean-François Laborde, un homme politique, sénateur-maire, éclaboussé des années plus tôt par un scandale sexuel dans lequel la mère d'Antoine, son adjointe, a été impliquée. Adolescent, Antoine a vécu l'affaire de l'intérieur, mais il n'en a pas compris grand chose au final, préférant s'enfuir avec la fille de Laborde, jolie fille un peu timbrée.  

Ce que j'ai trouvé remarquable dans ce livre n'est pas tant l'intrigue, avec le scandale politique scabreux qui fait forcément référence à des événements connus, mais le cheminement du personnage d'Antoine, que le décès de Laborde oblige à s'interroger sur lui-même, sur son attitude à l'époque du scandale, son absence de doutes, de compassion, son absence tout court. Dans une famille cherchant à tout prix à sauver les apparences, Antoine est resté en marge, et dix ans plus tard, le bilan qu'il tire est plutôt lourd. 

Le ton du roman, c'est du Olivier Adam pur jus : tourmenté, cru par moments, avec ce je ne sais quoi de sensible, à fleur de peau, cette écriture si belle, à la fois limpide et rauque... Il y a une force, une vraie patte chez cet écrivain. Quant aux personnages dans ce roman, ils sont insaisissables, car vu à travers le regard d'un adolescent égaré. Le personnage de la mère en particulier, est magnifique de part son opacité. Lubrique, manipulée, amoureuse, infidèle, ambitieuse, victime ou coupable ?On n'en saura rien. Au lecteur de se forger ses propres convictions, s'il le peut. Et bien sûr il y a le frère, récurrent dans l'oeuvre d'Adam, avec lequel Antoine cherchera à récréer du lien, à comprendre ce qui lui a échappé dans la douloureuse histoire familiale. J'aime retrouver dans chaque livre que je lis de cet auteur la toile tissée d'un roman à l'autre : le frère est un incontournable, toujours pareil, jamais complètement le même.

Une très belle lecture, une pépite pour Galéa, si elle veut bien :)

Le silence ne me gênait pas. J'en avais pris l'habitude au fil des années. J'avais grandi en son intérieur. C'était devenu ma matière même. Mon étoffe.

logo-non challenge 2015-2016 - copie

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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Commentaires
P
Merci de m'avoir fait découvert ce roman ! Quelle belle écriture !
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P
Merci pour ce compte rendu de "la renverse", j'hésitais, après avoir lu "les lisières" dont l'écriture et le thème m'avaient bouleversé. Je n'hésite plus, je vais me le procurer.
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L
Carrément, la pépite !
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Z
J'aime son univers, je note celui-ci
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C
Et moi, je ne l'ai pas lu! mais je n'ai rien contre les falaises et le vent!
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