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Aux Bouquins Garnis
11 juin 2015

Vernon Subutex- Virginie Despentes

9782246713517-X

"La vie est ainsi faite. Dans un premier temps elle t'endort en te faisant croire que tu gères, et sur la deuxième partie, quand elle te voit détendue et désarmée, elle repasse les plats et te défonce."

Vernon Subutex a été disquaire et ses affaires marchaient bien. Aujourd'hui, la roue a mal tourné et il ne peut même plus payer son loyer. C'est son ami Alex Bleach, vedette de la chanson, qui s'en charge la plupart du temps. Lorsqu'Alex décède, Vernon se retrouve très vite à la rue. Il s'en accommode plus ou moins, squatte chez les uns et les autres, le temps d'un week-end (il s'improvise même garde-chien de la brave Colette pour pouvoir loger chez un copain) ou un peu plus. Il lui reste son ordinateur, (de l'importance des réseaux sociaux...) sa musique, sa petite gueule sympa et quelques enregistrements inédits d'Alex qui semblent intéresser pas mal de monde... 

Ce billet sera bref et pas original. La plupart des lecteurs ont aimé Vernon. Et moi aussi. J'ai tourné autour comme une mouche autour d'un pot de miel pendant pas mal de temps, après une réaction de rejet immédiate à sa sortie: je ne lirai JA-MAIS Virginie Despentes, elle écrit trop mal, elle est vulgaire, gnagnagna... mais qu'est-ce-qu'ils ont tous avec ce Vernon? Et c'est qui Vernon, Subutex c'est pas une drogue? etc. Misère... Et puis un jour, mon doigt a rippé et Vernon était là, dans ma liseuse. Comment ne pas le lire? J'ai plongé dedans.

 C'est écrit trash, dru, brut de fonderie. Les personnages -nombreux- sont fouillés, décortiqués, ils sont justes et vrais dans leurs excès, leurs faiblesses, pourtant entre le travelo, le trader survitaminé, (on va dire ça comme ça...) la journaliste méchante comme une hyène, le raciste primaire qu'on a envie de baffer, le risque de surjouer était bien réel. Pourtant rien de caricatural ici, juste des portraits très forts, en phase avec une société qui se déglingue. Et une intrigue, certes secondaire, mais qui tient quand même bien la route, se déroulant d'un personnage à l'autre, avec à chaque fois un point de vue différent. Le fond, la forme, tout y est. Ça donne un roman très attachant (une fois commencé, difficile de le lâcher) totalement visuel et sonore. On en prend plein les yeux, les oreilles, (tant de références musicales, ça sent le vécu et transpire la passion du rock) et on a envie de pleurer à la fin (grandiose). Quel sens du rythme, quelle rage, quelle énergie ! Incroyable.

Dans l'ère du temps, d'un réalisme cru, sombre et touchant, ce Vernon Subutex m'a fichu le bourdon et surtout m'a collé une grande claque. J'en redemande. Et oh joie, je n'aurai pas à attendre, le second tome vient de paraître et mon petit doigt me démange très fort. 

Ne JA-MAIS dire JA-MAIS...

"Qu'est-ce que les riches ont de plus que les pauvres? Ils ne se contentent pas de ce qu'on leur laisse. Les mecs comme lui ne se comportent jamais en esclaves. Il est debout, quoi qu'il arrive- plutôt crever que s'agenouiller. Celui qui se laisse dominer mérite d'être dominé. C'est la guerre. Il est un mercenaire."

Lire en un clic les avis de Cuné, Clara, Laure, Papillon, Mior

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Commentaires
E
Moi aussi j'avais dit jamais et là je me dis pourquoi pas ...tu as un sacrè don de persuasion.
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E
Tu en parles bien, mais bon je fais partie de ceux qui disent "jamais", je n'aime pas les écrits "crus", ça me gêne, je n'aime pas l'auteure etc... Même si tu m'as presque donné envie, je ne pense pas que je passerai le pas. A suivre .... Bonne journée, bises.
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V
A te lire, on a envie de tendre la main et de ne pas dire jamais...<br /> <br /> La couverture va bien avec ton billet.<br /> <br /> Bonne semaine ma belle
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A
Il est noté dans mes futurs emprunts à la médiathèque et pourtant, il figurait dans la liste des "pas pour moi". Une interview de Virginie Despentes dans le Ouest-France a achevé de me convaincre, je l'ai trouvée intéressante, moins provoc et plus à l'écoute.
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S
Je sais, je sais, et pourtant, non vraiment je ne suis pas tentée du tout, je déteste l'écriture crue, j'ai l'impression d'être en boite à recueillir les confidences d'une copines complètement ivre.<br /> <br /> Mais vous êtes absolument unanimes;-) alors j'ai sûrement tort
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