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Aux Bouquins Garnis
22 avril 2015

La part des flammes- Gaëlle Nohant

 

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"On avait raison de mettre les hommes en garde contre le mariage d'amour. Ses effets étaient dévastateurs."

Le 4 mai 1897, les dames de la haute société parisienne se pressent rue Jean Goujon, où la charité se fait mondaine. Pour obtenir un comptoir au Bazar, il faut de sérieux appuis, comme celui de la duchesse de... ou de la marquise de.... Pas si simple, les places sont chères. Tout le monde veut en être.

Certaines ont leurs entrées grâce à la pieuse duchesse d'Alençon, comme Constance d'Estingel, une jeune fille rebelle, ou Violette de Raezal, une jolie veuve éplorée. Ces trois-là seront malheureusement présentes au Grand Bazar lors du terrible incendie et leur existence en sera à jamais bouleversée...

Inspiré de faits réels, «La part des flammes» est un roman très féminin, et dans ce cas précis, il ne s'agit pas d'un compliment. Les personnages sont extrêmement stéréotypés (une marquise si méchante qu'elle sera bien punie, un bel amoureux slave et beau gosse délaissé et qui va en souffrir beaucoup, un terrifiant et ambitieux médecin, un cocher défiguré au grand coeur etc etc). Les malheurs qui les accablent feraient pleurer les pierres (mais pas moi) et mon palpitant n'a connu aucune accélération au récit de leurs pâles aventures. Gaëlle Nohant maîtrise de toute évidence les codes de la narration (il y a des méchants et des gentils, comme au pays de Candy, des obstacles à surmonter, des vainqueurs et des perdants à l'arrivée et tout le toutim) mais n'en sort pas. L'ensemble paraît d'un classicisme bien terne et convenu, porté par une écriture lourdement métaphorique qui m'a vite lassée. «La part des flammes » est un roman que j'aurais pu apprécier à dix-sept ans, mais voilà je n'ai plus dix-sept ans. Et puisqu'on est dans la métaphore facile, il manque à ce livre l'étincelle qui embrase le tout et fait les grands romans.

J'avoue que l'unanimité des critiques hyper enthousiastes concernant ce livre me laisse perplexe...

"Elles jaillirent comme accouchées par les flammes, deux formes titubantes et dansantes, flambant dans leurs vêtements, hurlant le plus vieux hurlement de la terre, torturées jusque dans leur âme. Le feu les étreignit encore pour quelques pas de valse forcée, riant de leur calvaire, avant de les rejeter sur l'herbe, tous leurs cris consumés, leurs faces noirâtres crispées dans un dernier rictus qui n'en finissait pas, bras repliés le long de leurs corps, rongés jusqu'à la cendre"

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Commentaires
Y
Comme je te le disais chez moi, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman qui s'inscrit effectivement dans une tradition de roman populaire... L'écriture, que j'avais déjà beaucoup aimé dans L'Ancre des rêves, me ravit et j'ai trouvé au contraire les personnages extrêmement bien campés :-) De toute façon, c'est bien les avis divergents, ça permet à chacun de se faire une idée :-)
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L
J'adore ton "comme au pays de Candy", c'est tellement ça ! Je pense que Brize a raison, c'est un roman d'aventures populaire, mais qui est très très loin de valoir Dumas, et qui est surchargé de métaphore.
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P
tu as le droit d'avoir un avis divergent. L'extrait que tu as choisi monte en effet la profusion des métaphores. En soi, ce n'est pas rédhibitoire mais un usage excessif rend la lecture difficile et la prose pompeuse (surtout si c'est pour décrire un incendie avec comme finalité une crémation).
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V
J'aimais bien le pays de Candy mais c'était quand même il y a bien longtemps effectivement... <br /> <br /> Ton deuxième extrait donne envie de vérifier qu'on a bien posé ses détecteurs. Brrrr...<br /> <br /> Bisous ;-)
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E
J'ai lu et vu des avis tellement positifs que ta chronique est surprenante. J'ignorais que Gilles Collard pouvait à ce point aimer Candy ;-) <br /> <br /> Mais lui ne retient de l'histoire que l'incendie et ses conséquences et ne semble pas avoir remarqué cette caricature des femmes.. J'étais donc intéressée mais je vais peut-être attendre qu'il arrive tranquillement dans ma médiathèque.<br /> <br /> Merci !
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