"L'Ombre du vent"- Carlos Ruiz Zafon
« L'Ombre du Vent » est une lecture commune avec Théoma, Philisine Cave, Nathalie, Clara, Sylire. Je les remercie du partage et aussi de l'échange de mails amusant et stimulant tout au long de la lecture de ce pavé... Que j'aurais sans doute abandonné sans cela.
Impossible de résumer cet énoooorme roman (636 pages, ouf !) tant son intrigue (ses intrigues) est complexe et échevelée. Je me contenterais d'en dire les grandes lignes...
Tout commence par l'adoption d'un livre, à Barcelone, époque franquiste. Daniel, dix ans, est conduit par son père dans une étrange bibliothèque pour y sauver un livre condamné à l'oubli. Il choisira celui de Julian Carax, auteur de « l'Ombre du vent ». Ce choix aura bien sûr des conséquences car Daniel n'est pas le seul à s'intéresser à Julian... en effet, quelqu'un s'acharne à vouloir détruire toutes les oeuvres de l'écrivain. Lorsque le jeune garçon se lance sur ses traces, il est loin d'imaginer les dangers qui le guettent.
Tout au long de sa quête, Daniel croisera sur sa route de terribles ennemis ( tel le sinistre policier Fumero, ouh qu'il est méchant celui-là !) découvrira l'amitié (celle de l'impayable Firmin) et surtout l'amour, avant de percer le mystère de Julian Carax...
De ce livre foisonnant, à mi-chemin entre le roman d'apprentissage et l'épopée, je suis sortie perplexe (et fatiguée...). Sa richesse est incroyable, l'écriture remarquable, d'une grande poésie (chapeau Monsieur le traducteur !), les personnages haut en couleur, les péripéties dignes du meilleur des feuilletons, le contexte historique intéressant, avec un cadre qui ne manque pas d'attraits : la ténébreuse et pittoresque ville de Barcelone...
Malgré toutes ces qualités, la magie n'a pas opéré. Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour lire ce roman? J'ai pourtant beaucoup aimé l'idée des livres qu'on adopte pour les sauver de l'oubli. Magnifique mais pas suffisamment exploitée, à mon goût. J'aurais apprécié que ce thème soit davantage creusé au lieu d'être simplement esquissé puis évacué au profit de péripéties répétées et pas toujours utiles...
A l'inverse, tout le reste est dans le « trop » : je me suis souvent perdue dans ce livre à tiroirs, obèse, où les rebondissements et les nouveaux personnages surgissent toutes les deux pages. Trop de personnages, trop de péripéties, trop de tout... A peine avais-je le temps de m'intéresser à machin que truc apparaissait et faisait oublier machin, le dit machin réapparaissant cinquante pages plus loin (ou pas). Mon intérêt s'est donc considérablement dilué au fil de la lecture, (les amours de Daniel, je l'avoue, ne m'ont guère passionnée, celles de Firmin non plus...), réveillé par moments au détour d'un passage, d'un personnage, pour retomber ensuite. La lecture fut longue, chaotique, obsédante (le livre m'a suivie partout pendant plus d'une semaine, j'en rêvais -presque- la nuit !), souvent pénible, pour tout dire, en dépit de la fluidité du style... Les dernières pages du roman m'ont franchement exaspérée, avec une fin qui ne voulait pas finir (si si c'est possible, lisez si vous ne me croyez pas !) multipliant les coups de théâtre jusqu'à épuisement ( du lecteur...) « Bon sang, me suis je dit, tout cela ne finira donc jamais? » (je vous la fais version soft, en réalité les gros mots ont fusé, "l'Ombre du vent" m'a fait sortir de mes gonds )
Quelques extraits du livre :
"Les livres sont des miroirs, et l'on n'y voit que ce qu'on porte en soi-même [...]"
"Nous nous taisons tous, en essayant de nous convaincre que ce que nous avons vu, ce que nous avons fait, ce que nous avons appris de nous-mêmes et des autres est une illusion, un cauchemar passager. Les guerres sont sans mémoire, et nul n'a le courage de les dénoncer, jusqu'au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu'au moment où l'on s'aperçoit qu'elles sont de retour, avec un autre visage et sous un autre nom, pour dévorer ceux qu'elles avaient laissés derrière elles."
"Nous nous taisons tous, en essayant de nous convaincre que ce que nous avons vu, ce que nous avons fait, ce que nous avons appris de nous-mêmes et des autres est une illusion, un cauchemar passager. Les guerres sont sans mémoire, et nul n'a le courage de les dénoncer, jusqu'au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu'au moment où l'on s'aperçoit qu'elles sont de retour, avec un autre visage et sous un autre nom, pour dévorer ceux qu'elles avaient laissés derrière elles."
En conclusion de ce billet, (et pour terminer sur une note positive !) j'aimerais tout de même revenir sur cette belle idée que soulève « L'Ombre du vent ».
Si vous deviez adopter un livre pour lui éviter de disparaître, quel serait-il?
J'ai moi-même du mal à choisir...
Je crois que je sauverais « Le voyage d'Anna Blume » de Paul Auster, ou «La pitié dangereuse» de Zweig, ou bien ... ou encore...
Il semble que la plupart des copinautes (citées en haut du billet) aient éprouvé le même sentiment de "surcharge" à la lecture de ce livre, en lui reconnaissant malgré tout des qualités. Je vais de ce pas lire leurs avis.
Il y a un personnage tout à fait monstrueux dans ce roman, c'est l'ignoble Fumero. Et hop un monstre de plus chez Za !