"Cannisses"- Marcus Malte
Ce sont les premiers mots de"Cannisses". Cette longue nouvelle m'a permis de faire enfin connaissance (littérairement parlant) avec Marcus Malte, depuis longtemps sur ma liste d'auteurs à découvrir. Bonne pioche. Ce texte se révèle être un vrai coup de coeur, dévoré presque d'une seule traite. Marcus, je sens que nous allons nous revoir très vite... c'était tellement bon.
"Cannisses", c'est l'histoire d'un homme qui vient de perdre sa femme, décédée d'une longue maladie, et se retrouve seul avec ses deux petits garçons. Les voisins de cet homme, un couple et leur petite fille, vont très vite cristalliser toute sa souffrance... Pourquoi lui et pas eux? Et leur maison, épargnée par le malheur, n'aurait-elle pas dû être la sienne? Si son choix avait été différent, Nadine serait peut-être encore en vie? Ces folles questions hantent le narrateur. Il se met à espionner les voisins à travers les cannisses de son jardin et...
Je ne vous en dis pas plus. Lisez ce texte. Vraiment, lisez-le.
Cette nouvelle est parfaite, je vous assure. Sur presque cent pages, pas un mot de trop. Que de l'essentiel, du brut. Du drame pur. Sans fioritures. L'écriture de Marcus Malte est directe, impeccable. Ses phrases courtes, percutantes, plongent le lecteur dans la tête du personnage, un homme ordinaire qu'un drame personnel fait basculer. L'angoisse, présente dès les premières lignes, devient peu à peu effroi. Et l'effroi ne faiblit jamais. Jusqu'à la fin, il va crescendo, distillé, subtil, afin que le lecteur, yeux écarquillés d'horreur, comprenne tout, même ce qui n'est pas dit...
Quel talent !
"Quand Nadine est partie, j'ai trouvé un petit mot de condoléances dans la boîte aux lettres. De leur part. Quelques jours après, je suis tombé sur eux, le matin (...) Le type est venu vers moi et il m'a répété la même chose que sur le mot. Je n'ai pas trop su quoi répondre. La femme était là aussi mais elle n'a rien dit. (...) C'est bien gentil tout ça, mais j'aurais préféré que ce soit le contraire. J'aurais préféré que ce soit elle."
La Lettrine a chroniqué ce livre. C'est chez elle que je l'ai découvert. Sa lecture est différente de la mienne. Je n'ai pas ri une seule fois...