"De nous deux, c'est moi la morte. J'ai oublié d'où je venais, comment pourrais-je savoir où aller?"
En 1986, quelque part en Ukraine, Léna et Ivan ont construit un lien d'amitié exceptionnel. Ils partagent tout, ne font qu'un, on ne peut les imaginer l'un sans l'autre. La terrible catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril de cette même année, va hélas tout bouleverser et séparer brutalement les deux adolescents : Léna fuit avec sa famille vers la France tandis qu'Ivan est contraint de rester sur place. Ils ne cessent penser l'un à l'autre pendant de longues années, tout en tentant de se reconstruire : Léna réussit brillamment son intégration, devient enseignante, rencontre un homme qui s'appelle lui aussi Yvan mais Tchernobyl et son ami -amour-d'enfance, qu'elle croie mort, continuent de la hanter. Quant à Ivan, il a survécu et écrit sans cesse à Léna, espérant son retour, sans jamais poster ses lettres...
II est très délicat d'évoquer le premier roman d'Alexandra Koszelvyk encensé par la blogosphère, blogueuse elle-même, sans rejoindre le concert de louanges dont il fait l'objet. Je dois cependant me situer à contre-courant de l'enthousiasme général si je veux être sincère.
Je ne suis ni amatrice de romance ni férue de littérature jeunesse. Sans aucune volonté de dénigrer l'une et l'autre, les deux réunies m'ennuient très vite. " A crier dans les ruines", malgré l'érudition de l'auteure me semble destiné à un public adolescent, ce que clairement je ne suis plus, et raconte une mignonne histoire d'amour entre deux jeunes, certes contextualisé pour lui donner du corps, mais qui m'a laissé totalement en dehors.
Ca n'était pourtant pas si mal parti : le roman démarre avec l'arrivée de Léna, devenue adulte, sur les lieux de la catastrophe. Un retour aux sources assez intrigant. L'émotion et la tension sont palpables : sur place la nature a repris ses droits depuis l'incendie, mais Tchernobyl reste encore et toujours la zone de tous les dangers. C'est ensuite-assez vite- que ma lecture se gâte et que je me lasse : l'écriture trop travaillée avec métaphores en abondance souvent maladroites, mythes et légendes à profusion, références littéraires à n'en plus pouvoir, finit par m'agacer, tout comme le romantisme échevelé des deux héros qui me fait définitivement décrocher. Le mieux étant l'ennemi du bien, j'aurais aimé plus de simplicité et moins d'effets stylistiques, moins de démonstration, de volonté de bien faire, de bien écrire, davantage d'émotions et de non-dits. L'ensemble est trop chargé, trop explicite, trop ... littéraire.
On sent que l'auteure a mis beaucoup d'elle-même dans ce premier roman et je lui souhaite sincèrement de réussir, après tout il ne s'agit là que de mon opinion, mais comme disent les frères Dupondt, "je la partage" :)
"Au mot exil s'accole le mot "valise". Celle qu'on porte, qu'on traîne le plus précieux des biens. La valise est une maison miniature. La famille de Léna n'emportait rien."
Un livre de la sélection des "68 premières fois" :)