Le vallon- Agatha Christie
"J’ai invité Monsieur Crime à déjeuner dimanche. Ça fera diversion, tu ne crois pas ?"
La fantasque Lucy Angkatell a convié famille et amis pour le week-end, dans sa belle propriété du "Vallon". Hercule Poirot, le célèbre détective, est lui aussi de la partie. Lorsqu'il arrive, ponctuel et toujours aussi moustachu, Poirot découvre un cadavre gisant près de la piscine, celui du docteur John Christow. Son épouse, la gentille et soumise Gerda, se trouve à côté du mort, un revolver à la main... De toute évidence, Gerda a tué John. Le mobile est sérieux : le bon docteur était tyrannique, avait une maîtresse et une ex-fiancée toujours dans la place. De quoi déclencher les foudres meurtrières d'une épouse humiliée et délaissée? Non?
Comme cela fait du bien de retrouver Agatha Christie et Poirot, détective cher à mon coeur, dans ce très bon roman où prime la psychologie des différents protagonistes, longuement présentés dans une première partie. Cette présentation, loin d'être inutile, permet d'installer l'intrigue et de semer le doute, car au fond, le meurtre de John, dont le coupable semble offert sur un plateau, aurait pu être commis par... Henrietta, la séduisante sculptrice et maîtresse? Edward, amoureux d'Henrietta toujours éconduit ? Ou Véronica, l'ex si belle et quittée quinze ans plus tôt? Ou Lucy, pas si toquée qu'elle en a l'air? Ou encore ? Ou bien...? Tous ont un mobile, une raison, une animosité larvée ou assumée à l'encontre du docteur Christow. Tous auraient pu le tuer.
Le grand Hercule Poirot est certes en retrait, plutôt de bon conseil auprès de l'inspecteur Grange, chargé de mener l'enquête, mais sa présence, même discrète, est toujours très plaisante. Ce qui est plaisant aussi, c'est, comme toujours, de se faire balader, de penser que machin est coupable et deux pages plus loin de se dire que non finalement, c'est certainement truc, de revenir sur machin et de se rendre compte... qu'on a tout faux.
J'adore. En plus, Agatha Christie c'est souvent drôle (le personnage de Lady Angkatell est un régal d'excentricité et ses répliques absolument savoureuses), ça peut même être touchant (très triste petite Gerda), c'est bien écrit, bien traduit.
"Savoir qui a tué qui ne m’a jamais intéressée. Quand les gens sont morts, je ne vois aucune raison d’aller chercher le comment du pourquoi. Tout ce remue-ménage pour si peu, je trouve ça bébête"