La bonne nouvelle du lundi- meurtre sauvage dans un lieu public, de Joyce Carol Oates
"...Ces étrangers rassemblés sans autre but que de s'éloigner les uns des autres de manière aussi rapide et expéditive que possible"
Avec mon acolyte Julie, on continue notre défi "une nouvelle un jour sur deux" et pour le moment je n'ai pas failli ! :) Même les soirs de grosse fatigue, un texte court (parfois très court, mais c'l'jeu ma pauv' Lucette, j'ai droit aux textes courts, c'est même le principe), je lis une nouvelle, piochée ici ou là, et ça repart !
J'ai choisi d'évoquer un texte de ma chère Joyce Carol Oates, tiré du recueil "Dahlia Noir et Rose Blanche". Une nouvelle surprenante qui n'a pas grand chose à voir avec ce que suppose son titre faussement racoleur. Joyce sait toujours me surprendre :)
Nous sommes à l'aéroport de Newark. La narratrice se trouve dans la zone d'attente avant l'embarquement. Un pépiement d'oiseau se fait soudain entendre, attirant son attention et celle des autres passagers. Il est caché où, le petit oiseau? On ne le voit pas, mais on l'entend. C'est amusant, quoiqu'incongru, ce pépiement dans un aéroport. On ne le voit pas, l’oiseau, alors au bout d'un moment, on cesse de le chercher et on s'en désintéresse. Ce "on" n'inclut évidemment pas la narratrice, piquée par la curiosité...
Je ne peux en dire plus sur la suite de l'histoire, mais cette nouvelle présente un double intérêt. Pour qui connaît un peu Joyce Carol Oates, il est facile de deviner que les trilles de l'oiseau ne vont pas rester bien longtemps quelque chose de gentillet, tout est déjà écrit, au sens premier du terme. Dès le départ, l'inquiétude se mêle à l'amusement chez les passagers : les militaires « en alerte », » qui "plissent les yeux", une femme en fauteuil "scrute le plafond (...) légèrement inquiète"... Le décor de la salle d'embarquement, avec son "arbre rabougri", "à peine vivant", si peu vivant qu'on le pense artificiel- alors qu'il est destiné à apporter "une touche décorative"- n'est guère plus engageant. Et puis il y a ce pépiement insistant, "impérieux" qui devient peu à peu "pareil à de petits morceaux de verre secoué dans un gros poing" (on a connu comparaison plus charmante...) L'auteure annonce la couleur, avec un vocabulaire choisi, un climat pesant qui contraste avec l'effet que produisent habituellement les pépiements d'un oiseau. Intéressant aussi car très inattendu, le basculement de la nouvelle vers le fantastique...
Je suis bluffée. La chute est "redoutable" :)
J'ai supposé que cette nouvelle était une allégorie sur la solitude et l'absence de communication entre les êtres, lisez et vous me direz !