Entrez dans la danse- Jean Teulé
"Faut avoir tant de chaos en soi pour danser ainsi"
En 1518, Strasbourg est une ville maudite, frappée de toutes les calamités possibles. Et voilà que les habitants qui crèvent déjà de faim, de saleté, de misère, au point de noyer leurs enfants ou de les manger faute de mieux, sont brutalement atteints d'une étrange et fulgurante maladie : ils dansent, sans pouvoir s'arrêter, ils dansent à en mourir, jusqu'à l'épuisement. Toute la ville n'est bientôt plus qu'une farandole infernale, qu'il faut faire cesser dans le sang...
Cet épisode historique peu connu, mis en lumière par Jean Teulé, dont on connaît la gouaille et l'érudition, a piqué ma curiosité. J'ai oublié un peu vite qu'avec cet auteur, j'ai souvent du mal... Je lui reconnais une plume, un style, un univers, du talent, de l'humour, mais allez savoir pourquoi, ça ne passe pas (je garde un très mauvais souvenir, par exemple, de "Le Montespan" et surtout du "Magasin des suicides", que j'ai particulièrement détesté...)
Ce dernier roman confirme que Jean Teulé n'est pas un auteur pour moi. Certes, l'écriture est virevoltante, grinçante, mêle avec brio élégance et grossièretés, le sujet est original, la dénonciation de l'abominable cruauté du clergé, qui laisse le peuple mourir de faim alors que les armoires sont pleines, est cinglante. Pourtant je suis passée à côté du livre. Aucun des personnages décrits ne m'a touchée -et pourtant ils souffrent à faire pleurer un caillou-, je n'ai même pas sursauté devant l'atrocité de certaines situations dépeintes pourtant avec force détails. C'est la marque de fabrique de Jean Teulé, la description par le menu du sordide, et il le fait bien, c'est vrai. Mais personnellement, les gros mots et autres scènes de c... façon Teulé, assortis d'une bonne dose de gore, ne me font plus beaucoup d'effets. D'accord, je suis blasée, si vous voulez...
Blasée ou pas, l'ensemble m'a paru bien sommaire et ressemble pour moi à un exercice de style provocant, mené avec entrain, mais pourtant creux et pour tout dire agaçant. Oui, j'ai été agacée de ne rien éprouver à part de l'ennui et l'impression désagréable de lire pour rien. Heureusement, c'est court.
"Tu as dansé. Ceci te sera défalqué de ta portion de Paradis"
L'incriminé répond : " Ah, l'Enfer est ici. L'autre me fait moins peur."