Les loyautés- Delphine de Vigan
"Parfois il se demande si ça vaut vraiment la peine d'être adulte"
Hélène est prof. Elle a été maltraitée dans sa jeunesse et le comportement de l'un des ses élèves l'inquiète.Théo, douze ans, est triste, apathique, fuyant ... Elle croit deviner qu'il est lui aussi victime de maltraitances, sans toutefois en avoir la preuve concrète. L'infirmière, alertée par Hélène, n'a rien constaté. Mathis est le meilleur ami de Théo et lui, il sait. Mais la loyauté, chez les adolescents, c'est sacré. Chez les adultes aussi, parfois. Fichue loyauté, qui ici, se fait obstacle et pourrait bien conduire au drame...
Je me suis jetée sur le dernier Delphine de Vigan comme la vérole sur le bas-clergé. J'adore cette auteure, son écriture sensible, juste, sans pathos, toujours si près de la vérité. J'aime ses personnages, à la psychologie si fine, en gros, je l'adore. Je me suis laissée emporter comme prévu par ce petit roman choral (266 pages), qui donne la voix à chacun des protagonistes, sauf Mathis et Théo, décrits par un narrateur extérieur. Je me suis demandée pourquoi ce choix, et puis en allant fouiner chez les copains blogueurs, je suis tombée chez Cathulu sur une explication qui me paraît la bonne. Les enfants ne sont plus des sujets agissants, ils sont empêtrés dans leurs conflits de loyauté et ne peuvent se défaire de situations inextricables. Ils n'ont pas la main, contrairement aux adultes du roman eux aussi confrontés à des choix moraux qui pourraient changer leur vie, mais plus à même de se défendre, croit-on... Très malin et original de la part de la part de Delphine de Vigan que cette prise en charge narrative différente des adultes et des ados, qui permet d'éviter l'écueil du "procédé roman choral", dont je me suis pour la part, un peu lassée. Pour résumer, ce livre avait tout pour me plaire, jusqu'à la fin. J'ai cru à un bug de ma liseuse, qui n'aurait pas téléchargé le dernier chapitre. Eh bien pas du tout, ma liseuse fonctionne très bien. Ça se termine et et puis voilà ! Je ne parlerai même pas de fin ouverte, ni même ratée... mais de fin totalement inexistante ! Comme si Delphine de Vigan avait décidé d'aller faire un tour ou de manger des macarons au lieu d'écrire la fin de son histoire... et y avait par la suite renoncé.
Je ne vous dis pas à quel point cela m'a déçue et gâché du même coup le plaisir des bonnes pages précédentes. Vraiment dommage et pour ma part, incompréhensible.
"Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révèlerait sous la chaleur de la flamme? Chacun de nous dissimule-t-il en lui même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupes?"
La chronique de MTG est là
Première lecture de la rentrée littéraire de janvier 2018, les modalités du challenge sont ici :)