51+wC9ul1CL

 

"On est tous perdus, malades, et on fait tous semblant de ne pas l'être, mais ça ne change rien : à la fin, on disparaît."

 Rachel Childs est une journaliste populaire, dont l'adolescence a été bouffée par une mère toxique et l'absence d'un père, dont elle sait seulement qu'il se nomme James. Elle le cherche, s'offre les services d'un séduisant détective, Brian Delacroix, sans aucun succès. Rachel va de plus en plus mal, est en proie à des crises de panique et après un reportage éprouvant en Haïti, pète les plombs en direct  à la télévision. Cet incident lui vaudra d'être remerciée par son employeur et larguée par son mari. Rachel dégringole alors à toute vitesse...

De Dennis Lehane je connais la réputation et les admirables adaptations cinématographiques qui ont été faites de ses romans : Shutter Island, Mystic River... J'aurais sans doute dû m'en tenir à ces quelques connaissances car la déception est grande, malgré une quatrième de couv'alléchante. J'aime beaucoup les intrigues psychologiques, les femmes qui vont mal (dans les romans... ), les histoires de manipulation... Malheureusement, le psychologique se résume ici aux jérémiades d'une héroïne peu attachante dont le malaise est décrit avec de très grosses ficelles sans la moindre originalité. Autre défaut de ce roman, et pas des moindres : son rythme. Lent, si lent dans la première partie, qu'on se demande quand ça va enfin décoller... On est patient, car on se dit que l'auteur pose les jalons, lance des pistes etc, pour mieux nous surprendre. C'est le jeu, Lucette, plus c'est long plus c'est bon, tu sais bien. Dans cette perspective, on supporte avec courage le manque de relief de l'écriture: c'est quand même bien plat, tout ça, se dit-on, mais la traduction y est peut-être pour quelque chose. Alors on s'accroche. Et puis soudain, tout s'accélère, on se dit qu'on tient le bon bout, mais en fait non. Les pistes lancées n'aboutissent à rien, on passe du rocambolesque à l'invraisemblable et je ne vous parle pas de la fin, je l'ai déjà oubliée. Je sais juste qu'elle est mauvaise, comme l'ensemble du roman, qui rappelle juste une chose : les écrivains, si talentueux soient-ils, sont des êtres de sang et de chair et pour conserver un peu de chair, faut bien bouffer... Donc il leur arrive d'écrire des bouquins pour payer les courses et accessoirement les impôts. C'est sûrement pour cette raison qu'un écrivain comme Dennis Lehane, dont le talent n'est plus à démontrer, a commis ce truc. 

"Un homme n’est jamais que la somme des histoires qu’il raconte sur lui-même, dont la plupart sont des mensonges. Mais ne t’avise pas d’y regarder de trop près : si tu le démasques, ce sera humiliant pour vous deux. Il vaut mieux essayer de faire avec."