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Aux Bouquins Garnis
10 novembre 2017

Grossir le ciel- Franck Bouysse

                "C'est un drôle de cadeau, la vie... ça se refuse pas, n'empêche, on se demande parfois si y aurait pas mieux à faire que de l'ouvrir sans savoir ce qu'il y a dedans".

sans-titre

Gus et Abel sont voisins et partagent depuis quelques années quelque chose qui ressemble à de l'amitié. Les deux vieux paysans s'entraident parfois et il leur arrive de se retrouver devant une bouteille de rouge ou un coup de gnôle, lorsque l'hiver est trop rigoureux et la solitude trop pesante. C'est que la vie est rude au fin fond de la campagne cévenole, on vit de peu, entre les vaches, les veaux, les travaux de la ferme, un chien prénommé Mars et quelques lourds secrets qui traînent et bien sûr ne manqueront pas de faire surface, lorsque meurt l'Abbé Pierre...

Je dis bien sûr et pourtant rien n'est ordinaire et attendu dans cet excellent roman grâce auquel je découvre Franck Bouysse : dans ce huis-clos enneigé, loin de tout, la montée de l'angoisse, lente et progressive, est d'une efficacité remarquable. Quelques personnages inquiétants (les fameux "suceurs de bible") vont et viennent et imprègnent le roman d'une sourde inquiétude, jusqu'au drame qui nous fait dévorer les trente dernières pages avec précipitation. Le tout raconté dans une langue superbe, à la fois rugueuse et poétique, un sens du dialogue (que de magnifiques échanges entre les deux taiseux !) d'une qualité rare, une précision dans les détails, dans la description du quotidien, époustouflante. J'ai terminé ce roman le coeur serré et le souffle court. J'en redemande.

 

"Il y avait aussi des couleurs qui disaient les saisons, des animaux, et puis des humains, qui tour à tour espéraient et désespéraient, comme des enfants battant le fer de leurs rêves, avec la même révolte enchâssée dans le cœur, les mêmes luttes à mener, qui font les victoires éphémères et les défaites éternelles."

"Au moins il n'y avait pas de femme pour leur jeter la pierre, pas de môme pour leur percer les tympans, rien ni personne pour leur faire des reproches. La liberté en quelque sorte. S'en convaincre".

    

 

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Commentaires
E
J'ai adoré !
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A
Un roman avec une ambiance particulière.
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V
Je suis aussi au cœur d'un roman qui me fait ressentir pas mal d'émotions... <br /> <br /> Ce titre est énigmatique mais ton billet fait encore une fois envie.<br /> <br /> Bisous et bon dimanche<br /> <br /> J'espère que p'tit doigt va mieux. ;-)
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J
Noté. Et que la première citation me plait ! Je n ai jamais lu cet auteur
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Z
Tiens, une lecture qui me tente à travers ce que tu en dis. Retenu à la bib,
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