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Aux Bouquins Garnis
20 octobre 2017

Les vies de papier- Rabih Alameddine

 

Les-vies-de-papier

 "Je me suis enfuie en littérature"

Aalya a 72 ans. Divorcée, les cheveux bleus, le caractère bien trempé, elle vit seule, dans son appartement de Beyrouth, au milieu de ses livres et des traductions des oeuvres auxquelles elle s'exerce, par passion, sans la moindre ambition de publication.Tous les ans, au premier janvier, Aalya allume une bougie à la gloire de Walter Benjamin avant d'entamer une nouvelle traduction en arabe d'un roman cher à son coeur, à "la voix atypique" et qui finira tout simplement dans un carton.

Surprenant et merveilleux livre que ces Vies de papier, écrit par un homme, à la première personne (c'est le plus incroyable, cette écriture est tellement forte... et féminine !) qui nous entraîne avec Aalya dans les rues de Beyrouth, entremêlant histoire -ô combien passionnante- du Liban, récit d'une existence difficile (mariage raté, relations familiales compliquées, heureusement compensés par un formidable appétit de vivre et de lire...) et hommage colossal aux livres et aux écrivains. Le roman est en effet truffé de références littéraires, contemporaines et classiques, un auteur mène à un autre, puis encore un autre et encore un autre ... au gré des pensées d'Aalya qui conduit le récit comme elle conduit sa vie, à sa guise. 

 Cette abondance de littérature pourrait paraître indigeste et prétentieuse, éloigner le lecteur qui n'a pas lu, loin s'en faut, autant qu'Aalya. C'est tout le contraire. A la lecture des Vies de papier, comme le souligne Cuné, on a juste envie de lire encore plus, juste envie d'être nourrie comme Aalya par tous ces écrivains qu'elles nous remet en mémoire ou nous fait découvrir. Et puis ce livre réalise un miracle : il donne vie au papier, sans oublier la vie tout court. On ne lit pas tous les jours des livres aussi incarnés: Aalya, farouche opposante à toute forme d'oppression et de soumission, est un personnage que l'on ne peut guère oublier, mais il y a aussi Fadia, la voisine rustaude et qui cuisine divinement, Hannah l'amie précieuse au destin tragique, la mère d'Aalya redoutable et en même temps si pitoyable (je pense à une scène en particulier qui m'a serré le coeur) ...Tant de figures humaines et attachantes traversent ce roman... 

Les dernières pages sont bouleversantes et délivrent un très beau message, que j'ai cru lire entre les lignes. Si la littérature et les livres sont des amis merveilleux, les amis de chair et d'os, eux aussi, peuvent se rappeler à nous au moment où on les attend le moins...

 Prix Fémina Etranger 2016, tellement mais tellement mérité !

Merci à J. pour le prêt. Je t'embrasse :)

 

Mon corps est plein de phrases et de moments, mon coeur resplendit de charmantes tournures de phrase mais aucun des deux ne peut être touché par l'autre.
j'ai les névroses des auteurs mais par leurs talents. (...)Tout ce que j'ai pour moi, c'est ma solitude.

                                               ***

Le féminisme au Liban n'a pas encore atteint les espadrilles ou les chaussures de course à pied ; les talons plats, voilà où on en est. Le choix de ne pas se marier ne figure pas encore au tableau. Il est possible qu'il soit en train d'apparaître maintenant, mais je ne le saurais pas.

       

 

 

 

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Commentaires
A
On sent que tu as aimé, alors forcément, je le note.
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V
Ton enthousiasme met l'eau à la bouche.<br /> <br /> Bon dimanche ma belle!
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J
Je n'ai que deux mots: je clique !!!! : -))) Si le banquier n'est pas d'accord, je lui dirai de t'appeler !!
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K
Il est noté... j'arriverai à le lire, un jour !
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A
J'ai beaucoup aimé cette lecture et le personnage d'Aalya. D'ailleurs tu me remets en mémoire que je voulais lire un autre titre de l'auteur.
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