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      "Il suffit de si peu de choses pour que nos vies bifurquent"

Je découvre Valérie Tong Cuong avec cent ans de retard  ce roman qui a fait beaucoup parler lors de sa sortie. Je l'ai aimé et j'ai été déçue. C'est le grand paradoxe de ma vie de lectrice, je l'assume ! Je peux aimer un livre et m'agacer aussi, avoir envie de le balancer par la fenêtre, tout en guettant anxieusement la fin et ne pas le lâcher...

Milo est un jeune garçon de douze ans, entouré d'une famille aimante. Sympathique, adorable, très attendu par ses parents, Milo a aussi une grand-mère et une tante qui lui vouent une tendre affection. Le terrible accident de vélo dont il est victime le plonge un temps dans le coma. Cet événement dramatique fait craquer le vernis d'un clan uni en apparence mais qui soudain va se déchirer. Entre le père Lino, la mère Celeste, la grand-mère Jeanne et la tante Marguerite pèsent de lourds secrets, des haines tenaces, des rancoeurs mal digérées, beaucoup d'amour aussi, cela va sans dire... L'accident de Milo est le catalyseur qui menace de faire exploser la famille.

L'histoire est dès le départ prenante, divisée en plusieurs saisons :" le temps de la colère" ouvre le livre qui se termine sur "le temps du pardon", après être passé par plusieurs étapes telles que l'amertume, la vengeance... l'écriture de Valérie Tong Cuong est fluide et élégante. Je suis heureuse de démarrer un livre qui j'en suis sûre va me plaire. J'aime assez les romans qui donnent la parole aux différents protagonistes. Le procédé est certes archi utilisé mais pour ma part, pas de problème, j'aime bien. J'ai cependant une doléance : je veux pouvoir distinguer les personnages qui s'expriment. Ici, la grand-mère parle comme Lino, qui parle comme Celeste, qui parle comme Marguerite...  je faisais la même réflexion lors de ma lecture précédente. J'aurais apprécié que la grand-mère cette peau de vache ait un vocabulaire plus fleuri, mais c'est juste un fantasme de lectrice...

Ici, tout le monde parle de la même façon et les drames s'accumulent. C'est en effet passionnant, ça sonne juste, Valérie Tuong Cong est à la lisière du mélo mais ne franchit pas la ligne. Pas tout de suite. Et puis voilà, soudain c'est trop. On y est dans le mélo. Le mélo élégant, certes, mais le mélo quand même. Je fais une overdose de turpitudes, de violences intra-familiales... les drames qui se succèdent me semblent peu crédibles, de même que le beau docteur brésilien amoureux qui se mêle de ce qui ne le regarde pas (bonjour l'éthique), les méchancetés de la grand-mère peau de vache qui ont leur explication bien entendu, mais niveau crédibilité, je suis dérangée...Trop c'est trop. Je n'abandonne pas ma lecture pour autant, le roman malgré ses faiblesses, se lit bien et j'ai envie de savoir comment tout cela va se conclure. Eh bien là aussi, déception. Dans les livres, les pots cassés se réparent à une vitesse... C'est très dommage, car même s'il s'agit de littérature, j'ai besoin d'adhérer un tout petit peu à ce que je lis. 

Une lecture en demi-teinte. Comme c'est rageant. Mais n'étant pas rancunière, je tenterai peut-être un autre roman de Valérie Tuong Cong avant de déclarer définitivement forfait. 

"Nous voyons ce que nous voulons voir. Ou plutôt, nous voyons ce que nous sommes capables de supporter. Le reste, on le modifie, on l'efface."