"Cet homme et cette femme étaient faits pour vivre ensemble"
Véronique est enfin à la retraite, après des années de bons et loyaux services. Son entreprise lui offre un séjour en Tunisie en guise de cadeau de départ. Pour la première fois, elle va quitter Bernard, son mari, un plombier bourru et néanmoins aimant. Oui, ces deux-là s'aiment, ça crève les yeux, un témoin qui observe le couple dans le métro a saisi sa profonde « et imperceptible affection ». C'est ainsi que le roman démarre, sur la ligne 11, au moment des au revoir. Un drame va malheureusement briser ce bonheur tranquille et ronronnant. Véronique, tombée sous les balles d'un terroriste à Sousse, ne reviendra pas. Fou de chagrin, Bernard entreprend alors un périlleux voyage vers la Syrie. Son but: venger Véronique, faire la peau d'un djihadiste, n'importe lequel...
"Sans Véronique" est un roman à la thématique hélas très actuelle, au style limpide et singulier: le récit est constitué de longues phrases, ponctué de virgules, mais jamais il ne s'essouffle, tout comme le lecteur, suspendu à l'histoire de Bernard, anéanti à l'annonce de la mort de sa femme, et au parcours du terroriste, narré parallèlement. L'existence de Seifeddine, étudiant talentueux, est marquée elle aussi par la chute, celle d'un garçon promis à un brillant avenir, que les humiliations successives, la rancoeur, les désillusions, ont fait basculer vers l'intégrisme et le terrorisme abject. Rien ne semblait pouvoir rapprocher les deux personnages, hormis la violence et la brutalité du destin qui les frappe. Ils sont tous deux définitivement « hors de portée ». On passe de Bernard à Seifeddine avec fluidité, totalement convaincu que tout cela finira mal, malgré le suspense habilement maintenu.
Je salue la fin extraordinairement émouvante de ce roman que j'ai lu tout du long avec passion.
Merci à François-Henri Désérable de l'avoir évoqué sur sa page Facebook :) je serais sans doute passée à côté. (je n'en avais pas entendu dire un traître mot)
"En ce moment un véhicule de police est en route vers votre domicile, afin de vous conduire au ministère, où vous serez informé prioritairement de l'évolution de la situation, et aidé par des équipes psychologiques"