L'intérêt de l'enfant- Ian McEwan
"La vie d'Adam est plus précieuse que sa dignité"
Fiona Maye, 59 ans, est une juge aux affaires familiales passionnée par son travail. Droite dans ses bottes, rigoureuse et expérimentée, elle n'est pas le genre de femme à se laisser troubler ou déstabiliser. Même lorsque son mari lui fait part de son besoin de sensualité et de l'éventualité d'aller voir ailleurs, elle ne perd pas ses moyens et fait simplement changer les clefs de la maison.
Une affaire délicate va pourtant ébranler durablement cette assurance jusque là sans défaut. Fiona doit décider si l'intérêt d'Adam, jeune témoin de Jéhovah atteint d'une leucémie, est de subir malgré lui une transfusion sanguine qu'il refuse au nom de sa foi...
Ce court roman de McEwan est sidérant de justesse et de finesse : les personnages sont fouillés au scalpel, qu'il s'agisse de Fiona, femme colosse aux pieds d'argile, de Jack, époux délaissé et tiraillé par ses désirs ou d'Adam, dont la fougue et la jeunesse - l'entêtement- sont au service d'une cause ambiguë qui pourrait bien lui être fatale. Adam est-il téléguidé par sa famille, ses pères spirituels? Agit-il de son propre chef? A-t-on le droit et le devoir moral de le soigner malgré lui, à l'aube de sa majorité? Peut-on le laisser mourir au nom de ses convictions religieuses ? Le roman soulève d'importantes questions éthiques au milieu desquelles Fiona se débat. Pour une fois dans sa vie, la juge est en proie au doute... sa seule échappatoire demeure la musique, où elle excelle et montre invariablement le meilleur d'elle même. (magnifique moment où la juge et le jeune homme se trouvent réunis dans une chambre d'hôpital, par l'amour de la musique)
McEwan écrit toujours aussi bien, son sens de l'observation est ici aiguisé comme jamais. « L'intérêt de l'enfant » est un roman formidablement documenté, les d'affaires judiciaires évoquées sont autant de digressions passionnantes mais le lecteur ne peut guère oublier qu'il est dans un roman : Fiona est confrontée à deux dilemmes, dans sa vie personnelle et professionnelle. Accepter, fuir, rester, céder, donner la mort ou sauver la vie... Quand l'une et l'autre finissent par s'imbriquer, la tension est à son comble, comme dans le meilleur des romans à suspense. Et la fin, tout en sobriété, est bouleversante.
Du grand McEwan. Je recommande vivement.
L'intérêt de l'enfant ne se mesure pas en termes purement financier, et ne se résume pas au confort matériel. Elle l'envisagerait donc d'un point de vue le plus large possible. L'intérêt de l'enfant, son bonheur, son bien-être devaient se conformer aux concepts philosophie de la vie bonne. Elle énumérait quelques ingrédients pertinents, quelques buts vers lesquels l'enfant pouvait tendre en grandissant. L'indépendance intellectuelle et financière, intégrité, la compassion et l'altruisme, un travail gratifiant par le degré d'implications requis, un vaste réseau d'amitiés, L'obtention de l'estime d'autrui, les efforts pour donner un sens à son existence, et la présence au centre de celle-ci d'une relation significative, ou d'un petit nombre d'entre elles, reposant avant tout sur l'amour.