Un peu de soleil dans l'eau froide- Françoise Sagan
"Le jour où vous aurez honte de ce que vous aimez, vous serez fichu. Fichu pour vous même"
Gilles, 35 ans, journaliste, souffre de dépression. Tout l'ennuie, lui pèse et lui fait mal, à commencer par sa compagne, Héloïse, mannequin dans une maison de couture. Il quitte Paris qu'il ne supporte plus pour le Limousin, où vivent sa soeur et son beau-frère, espérant retrouver la sérénité auprès de ce brave couple de provinciaux. Et c'est là qu'il va rencontrer Nathalie. Elle est mariée, intelligente, belle, cultivée. Ils vont s'aimer passionnément et Nathalie va tout quitter pour suivre Gilles à Paris. Cette femme solaire réchauffera un temps l'eau froide dans laquelle Gilles est plongé. Hélas, Gilles ne sait pas être heureux bien longtemps...
Je crois que la rencontre avec ce livre, complètement le fait du hasard (je cherchais un livre "soleil" pour Les mots en balade" de Sylvie) va bouleverser mes projets lectures pourtant clairement définis (huhuhu... ça change tous les deux jours en fait) depuis la rentrée. J'ai lu Sagan il y a longtemps, et j'avais oublié à quel point elle écrivait juste et bien. Des mécanismes de la dépression aux affres de la passion amoureuse, tout sonne vrai, tout est dit, y compris sur la vanité de la vie parisienne et ses nuits d'ivresse dont cet imbécile de Gilles a pourtant du mal à se passer (oui c'est un imbécile car il gâche tout, il ne fait que gâcher) sans la moindre dérive psychologisante, avec seulement des personnages, criants de vérité qui souffrent, aiment, mentent, se déchirent, vivent une histoire qui ne finira franchement pas très bien.... on est complètement dedans, ( ça se lit en apnée, ou presque) c'est d'une fluidité totale, à la fois très banal dans le sujet et absolument magistral. Et puis ce titre, ce titre...
J'ai adoré. Je veux lire tout Sagan, voilà.
"Le monde était plein d'événements sanglants, absurdes qui éveillaient chez ses confrères une horreur satisfaite qui l' exaspérait. Jadis (...) il aurait aimé s'exclamer avec eux, s'indigner mais là, il ne pouvait pas. Il se sentait même légèrement vexé qu 'on essayât ainsi, au Moyen-Orient, aux USA ou ailleurs de le distraire de son vrai drame : lui."