Betty- Arnaldur Indridason
En ce moment, j'épluche ma PAL et je m'aperçois que j'ai laissé de côté quelques pépites. "Betty" en fait partie. Offert par ma chère Philisine lors d'une de nos rencontres parisiennes, ce polar est absolument remarquable. C'est aussi mon premier Indridason et s'ils sont tous comme celui-là, il ne sera pas le dernier...
Le roman démarre comme un polar plutôt classique. Un personnage est incarcéré pour meurtre, on l'interroge, il livre des bribes de son histoire, assez obscure. Cette histoire, il la raconte aux policiers qui le malmènent, en alternance avec des chapitres consacrés au passé, à sa rencontre avec la sulfureuse, l'ensorcelante Betty, pour laquelle notre narrateur semble prêt à tout. Embauché par le compagnon de cette dernière comme conseiller juridique, le narrateur entame une liaison torride et passionnée avec Betty, et s'en mordra les doigts...
"Betty" est un roman noir, de bonne facture, présentant quelques soucis de traduction. ça, ce sont mes impressions de départ. L'utilisation à toutes les sauces de l'expression " avec une profonde commisération" m'a passablement agacée, une bricole, mais les romans imparfaitement traduits commencent à me courir sur le haricot. Enfin, j'étais déjà suffisamment embarquée pour ne pas songer une seconde à lâcher le livre. Heureusement que je n'ai pas fait cette sottise, j'aurais manqué quelque chose de grand, de très grand, LE TRUC ENORME, quelque part au milieu du livre, qui m'a fait soudain sursauter, relire trois ou quatre fois la même page, et m'a fait dire " il t'a eue comme une bleue, le Indridason !" Peu me chaut des menues faiblesses de la traduction, tout à coup :))
C'est du grand art, tordu à point, Indrason est un maître et puis c'est tout. J'ai poursuivi ma lecture, toute remuée, les yeux écarquillés, et la suite ne m'a pas déçue, même si elle s'avère du coup moins spectaculaire que LE TRUC DU MILIEU- elle l'est quand même un peu, rassurez-vous, le lecteur n'est pas au bout de ses peines-. "Betty" est un régal de roman, une perle noire à lire ABSOLUMENT. Pour le bonheur de se faire avoir comme une bleue.
« J’espère toujours que ce n’est qu’un cauchemar, que je me réveillerai, que j’irai à mon petit bureau dans ma bagnole qui ne démarre pas toujours et que je n’ai jamais entendu parler de Bettý et n’ai jamais vu Tómas. J’espère toujours que je me réveillerai dans la vie que je vivais avant de rencontrer Bettý. Mon souhait ne se réalise pas. J’ai l’impression de n’avoir jamais eu d’autre vie que celle avec Bettý. Je ne sais plus qu’elle image d’elle je dois garder. Parfois je la hais. Parfois je la désire si fort que tout mon corps me fait mal. »
Un grand grand grand merci à ma Phili pour cette somptueuse découverte. Son billet enthousiaste se trouve ici. Athalie a parlé de "Betty" aussi. C'est là. On est toutes tombées dans le panneau. Quel pied.