Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux Bouquins Garnis
26 août 2013

Le dîner- Herman Koch

DownloadedFile

A l'heure de la rentrée littéraire, me voilà en complet décalage, en retard sur tout le monde, avec ce roman néérlandais qui traîne dans ma PAL depuis au moins deux ans. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à l'en sortir, mais il était plus que temps. 

Nous sommes dans un restaurant d'Amsterdam, avec Paul le narrateur, son épouse Claire, son frère Serge et la femme de celui-ci, Babette. D'emblée, le regard féroce et scrutateur que Paul porte sur le cadre pseudo chic du dîner, (tout y passe, le gérant, le patron, les plats...) et surtout sur Serge et ses ambitions électorales, laisse supposer que le roman sera grinçant. Il l'est, et même plus que cela. Le dîner n'est en réalité qu'un prétexte pour aborder le sujet des enfants des deux couples. Je ne révèle rien en disant qu'ils ont commis l'innommable, la 4e de couverture s'en charge très bien :-/ ( merci  à elle de gâcher presque tout le suspense...) Le dîner sera donc tendu, très tendu. De multiples flash-back vont nous éclairer sur la personnalité plus que trouble des protagonistes et nous révéler les circonstances des évènements pour lesquels ils sont réunis.

Ce livre est ahurissant. D'une violence sans limites, cruellement immoral, il pose un certain nombre de questions cruciales sur l'éducation, les limites qu'on est censés donner à nos enfants, la maladie mentale, l'hérédité, l'hypocrisie politicienne, et pose un regard totalement désabusé et ravageur sur une société en complète déliquescence. La fluidité de l'écriture d'Herman Koch est réellement un atout : elle fait que malgré la répulsion, on ne peut que tourner les pages sans s'arrêter, jusqu'à la fin, cinglante. J'ai été sonnée. 

Une curiosité pour conclure : Herman Koch ne met pas toujours des mots sur les choses, laisse le lecteur supposer, deviner, comme lors de la maladie de Claire : "Je ne vais pas raconter ce qu'avait Claire, car c'est une affaire privée, je trouve. La maladie que l'on a ne concerne personne." De même que l'affection dont souffre le narrateur restera un mystère. Du flou, des non-dits, une pirouette littéraire, face à une réalité implacable et qui fait froid dans le dos.  

Extrait :

« Parfois je pense que c'est justement là notre erreur (…) En nous disant qu'ils sont encore jeunes. Aux yeux du monde extérieur, les voici soudain devenus adultes, parce qu'ils ont fait quelque chose que nous considérons, nous les adultes, comme un crime. Mais je trouve qu'en fait ils se comportent plutôt comme des enfants à cet égard. C'est exactement ce que je voulais faire comprendre à Serge. Que nous n'avons pas le droit de leur prendre leur jeunesse pour la seule et unique raison que, selon nos normes d'adultes, il s'agit d'un crime que l'on doit expier toute sa vie. »

 

Mes copines Phili et Sylvie de Evalire l'ont lu. Leurs billets sont ici et ici. Il y a aussi ceux d' Adalana, Enna et beaucoup d'autres...

Publicité
Publicité
Commentaires
C
c'est un roman qu'on prend "dans la gueule", si tu me passes l'expression. j'ai adoré. Et il pose en effet des questions très très intéressantes et qui ne mettent pas franchement le lecteur à l'aise.
Répondre
L
J'avais adoré moi aussi, mais ce roman a laissé des sentiments très mitigés aux lecteurs : peut-être parce que cette vérité crue et dure met mal à l'aise ?
Répondre
S
Noté, il y a très longtemps. Je re-note alors !
Répondre
P
C'est pour moi un énorme coup de cœur, une claque comme celle que j'ai pu ressentir pour Il faut qu'on parle de Kevin. Donc très rare
Répondre
M
J'ai été très surprise par ce romann je ne m'attenais pas à ça ! Oui c'est une histoire qui pose beaucoup de questions et nous bouscule un peu ... j'ai bien aimé !
Répondre
Aux Bouquins Garnis
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité