Le journal intime d'un arbre- Didier Van Cauwelaert
Je ne sais pas vous, mais quand j'ai entendu parler de ce livre, j'ai eu envie de le lire. Je me suis dit que j'allais enfin sortir de la mauvaise passe littéraire dans laquelle je me trouve actuellement. Chouette, un roman qui parle des arbres, qui fait parler les arbres, oh ça me plaît, ça va me plaire ! Le salut allait-il venir de Didier Van Cauwelaert et de son poirier?
Hélas non. J'y ai cru pourtant. C'eût été trop beau.
Tristan a 300 ans. Planté sous Louis XV, il vient d'être abattu par une tempête. Ce poirier a été le témoin et la cause de bien des drames, porté de bien lourds secrets, qu'il partage avec le lecteur tout au long des pages. A sa mort, devenu bûches et statuette, Tristan continue pourtant de témoigner du présent qui l'entoure et n'en finit pas de s'interroger : "J'essaye de comprendre pourquoi je survis. Ai-je une utilité, une mission, un moyen d'agir sur le destin de ceux qui m'ont aimé ?" Il finira par comprendre, je ne vous dis pas comment.
Ca m'agace. Ce livre est parfaitement écrit, empli d'une douceur très plaisante, il parle de nature, d'écologie, d'amour, et pourtant ça ne marche pas pour moi. Attention, j'ai des arguments, ce n'est pas juste une position du genre "j'aime pas les livres en ce moment et je rejette tout en bloc". Pas du tout.
Je n'ai pas cru une seconde aux personnages qui gravitent autour du poirier. Je les ai trouvé faciles, gentillets, pas crédibles pour un sou. Leur destinées extravagantes m'ont fait doucement ricaner. J''étais prête à adhérer à un poirier qui parle, mais pas à un critique d'arbres devenu spécialiste de l'affaire Dreyfus pour séduire une femme, qui a un fils élevé dans la forêt par les chamanes etc... je sais c'est paradoxal.
Et puis Didier Van Cauwelaert a une imagination débordante et s'intéresse à des milliers de choses. C'est une grande qualité. Il veut parler de tout ce qui le passionne mais ce grand brassage ne me semble pas complètement maîtrisé. L'affaire Dreyfus, l'Occupation, la paternité, l'amour, les arbres, la rédemption, la problématique des cités, l'homosexualité, les chamanes... Que de thèmes abordés, comme c'est touffu... on en oublierait presque ce fameux poirier. Trop de rebondissements, trop de personnages... ça part dans tous les sens, c'est "fouilli-fouilla", comme dirait ma belle-mère.
Je suis déçue, évidemment, car Didier Van Cauwelaert a une très belle plume, sensible, sous laquelle on perçoit un écrivain de talent et un homme attachant...
Je suis encore plus déçue.
"Il m'arrive quelque chose d'extraordinaire. Ma conscience vient de quitter le jardin. Pas seulement à travers une image du passé déformée par un rêve, comme avec l'élagueur. Non, cette fois, c'est comme si l'on m'avait brusquement replanté dans un autre lieu, au coeur d'une chambre à coucher."
***