Parcours Santé- Jean-Paul Jody
Joseph est en prison, Mariette est libre. Depuis six ans, ils s'écrivent. Mariette est devenue l'espoir de Joseph, sa raison de vivre. Lorsqu'il bénéficie d'un week-end de liberté, Joseph n'a qu'un seul but : rencontrer enfin celle qu'il appelle "sa femme". Mais Mariette ne souhaite pas cette rencontre. Cachée dans une voiture devant la prison de la Santé -dont les portières ne ferment pas de l'intérieur- elle ne s'attend pas à ce que Joseph monte à son bord... Elle lui cache son identité et les voilà partis à la recherche de Mariette...
L'histoire, basée sur un gros mensonge et un énorme quiproquo, peut sembler marrante- Joseph cherche Mariette qui est à côté de lui mais il ne le sait pas- , en réalité pas du tout. "Parcours Santé" est bien un polar, nerveux, rythmé, efficace. Les phrases courtes, au présent, s'enchaînent, les chapitres sont brefs, et on tourne, on tourne les pages du roman, sans pouvoir le lâcher. Jusqu'à la fin, surprenante.
C'est bon le noir, surtout quand l'auteur écrit juste et bien. Ici, la plume est celle d'un écrivain, qui gratifie le lecteur, en plus d'une intrigue originale, de quelques cerises sur le gâteau: des personnages intéressants et attachants, des rebondissements qui se succèdent de façon intelligente (la scène dans l'appartement de Mariette, excellente !), quelques réflexions intéressantes sur l'écriture -le pouvoir des mots : Mariette envoie des lettres au contenu un peu creux auxquelles Joseph s'accroche -, l'univers carcéral, la solitude, la rédemption...
Un très bon moment de lecture, qui va me pousser à regarder ce Mr Jody de plus près...
Merci Juju ! :)
"Allez, bon week-end. A lundi. Et fais pas le con, reviens !
Joseph ne relève pas. Il n'en revient pas de se retrouver dehors. La porte se referme derrière lui. La petite valise en toile posée à ses côtés (...), Joseph vient tout juste de retrouver avec émotions ses effets personnels confisqués le jour de son incarcération, il n'existe pas de plus grand moment pour un détenu. Grand, brun, l'oeil vif, le coeur fripé parce que trop longtemps bloqué en position essorage, tassé comme s'il était resté un temps infini dans un espace trop étroit pour pouvoir se déplier entièrement, ce qui finalement est le cas, Joseph a pour lui quarante et un ans, une santé de fer et un regard bleu soutenu. Et jusqu'à présent sa vie n'a été qu'un tas de merde."
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"En prison il a oublié qu'à l'extérieur certains ne rigolent pas tous les jours. Ils sont dehors c'est déjà ça."
Enfin une participation au challenge de Liliba :