"Rêves de garçons"-Laura Kasischke
Pour découvrir cet auteur dont tout le monde parle et qui serait en plus "la relève assurée" de ma chérie Joyce Carol Oates ( !) , j'ai choisi un peu au hasard un roman dont le sujet me semblait bien inquiétant. A la Oates quoi.
Trois pom-pom girls s'échappent de leur camp de vacances pour une baignade improvisée. Elles sont à bord d'une décapotable, elles sont jolies, délurées, font des sourires à tous ceux qu'elles croisent. Surtout Kristy la narratrice. (l'une d'entre elles s'appelle aussi Kristi, avec un i , je n'ai pas bien compris pourquoi deux Kristiy mais passons) Et ça va leur attirer des ennuis...
C'est bref, comme résumé. Je sais. Mais vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. Vous pouvez même passer à côté de ce livre... plutôt décevant.
Alors, reconnaissons-le, Laura Kasischke écrit bien. Elle sait planter des ambiances, décrit les adolescents avec une certaine justesse. On frôle parfois le cliché, (la relation entre les deux copines dont l'une a l'ascendant sur l'autre et saute sur tout ce qui bouge, au nez et à la barbe de sa meilleure amie, juste pour la narguer... bouh, c'est connu, ne dites pas non) mais j'ai bien aimé les quelques réflexions sur les jeunes et la prise de risque, du genre "j'ai dix-sept ans et il ne peut rien m'arriver etc". ça, c'est plutôt bon.
Pour le reste, franchement... je disais plus haut, l'ambiance est là. Pendant tout le roman. Voilà un livre qui ménage le suspense mais le suspense à ce point-là... C'est plus du suspense ! C'est long, dieu que c'est long. Et puis, il y a les indices que sèment l'auteur. Oui, il va y avoir du sang. La mustang que conduit Kristy est rouge, couleur sang (c'est pas moi qui le dit, c'est l'auteur dès les premières lignes) et du sang par-ci, du sang par-là, et des sangsues, et les règles etc... Laura Kasischke utilise de belles cigales bien répugnantes, avec de" larges ailes veinées de rouge" (encore !) pour faire frissonner le lecteur. D'accord.
Et le vrai sang, il arrive quand?
Très très tard.
Alors oui, ce qui se passe est inattendu. Pour ma part, j'étais déjà lassée, donc la surprise ne m'a pas renversée.
On aurait pu s'arrêter là. Pourquoi donc prolonger le roman pour nous raconter la vie de la narratrice après les évènements, Kristy adulte, mariée, divorcée, etc... Pas très utile il me semble. Oui, je sais, il y a ce truc à la fin qui fait que... mais bon, ça non plus ne m'a pas convaincue.
Ma première rencontre avec Laura Kasischke est donc plutôt ratée. Pas très envie de réessayer, là tout de suite.
Et puis, la relève de Joyce ... à mon avis c'est pas pour demain.
"il faut reconnaître qu'à dix-sept ans, je n'avais déjà presque plus d'imagination. Parmi toutes les choses que je considérais comme allant de soi, je croyais être la première adolescente, ou plutôt la seule adolescente à être...
Quoi?
Jolie? Populaire? Adolescente?
Tout cela, oui, mais pas seulement.
Je pensais que contrairement au reste du monde, je ne mourrais jamais. (...)
Rien ne pouvait m'arriver. Dans mon esprit, ça ne faisait aucun doute, il me suffisait de me regarder dans la glace pour que j'en aie l'intime conviction. Cette merveilleuse familiarité d'être moi."
Je propose ce roman au challenge de Liliba , qui l'a d'ailleurs beaucoup aimé. Ys aussi, Kathel également. Elles en ont fait de très beaux billets. Et il y en a d'autres. Suis-je donc la seule à qui ce roman n'a pas fait un effet boeuf ?
Et j'allais oublier, il y a des femmes dans ce roman, et même des destins. C'est parfait pour le challenge de Litote :