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Non non, petits lecteurs chéris, je n'ai pas renoncé à l'orthographe,  rassurez-vous. Annie Saumont non plus d'ailleurs, malgré le titre un brin provocateur de ce recueil de nouvelles.

Elle sait écrire la dame, ça oui.  Il suffit de mettre le nez dans ces dix-huit petits textes pour être convaincu que l'on a affaire à un grand, très grand écrivain.

Dix-huit nouvelles parfaitement ciselées, petits bijoux d'émotion où l'amour et ses déclinaisons occupent toute la place : jalousie, trahison, passion, déception... Annie Saumont fait parler les hommes, les femmes, les enfants, abandonnés, délaissés, délestés de leurs illusions, se glisse à son aise dans la peau de chacunC'est bluffant.

Ce qui l'est aussi, c'est son audace vis-à-vis de la langue : ponctuation, syntaxe, dans ce recueil, c'est la révolution. Annie Saumont s'affranchit de la grammaire, fait des expériences (dont une nouvelle entièrement écrite en langage SMS !), mais évite le gros écueil qui consisterait à ne faire que cela, privilégier l'exercice de style et oublier que ce qui compte dans la nouvelle, c'est aussi et surtout l'histoire. Des histoires, Annie Saumont en raconte, des belles, des tristes. Surtout des tristes. La forme dont elle se joue si volontiers permet d'être au plus près des sentiments des personnages, de leurs pensées, comme la femme de "Remerciements" que son drame n'empêche pas de prier, citer des psaumes, continuer à croire en ce Dieu qui l'a si durement frappée. Ou cet homme dans le train qui espère oublier celle qu'il a aimée et y revient sans cesse... 

Vraiment très beau.

"Ici c'est l'été et j'ai froid. J'ai aussi un chagrin d'amour. Je sais, maman, on en guérit. Pour guérir, il faut se distraire. Changer d'air, dit-on. Voyager." (Je me souviens)

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"La petite soeur peut-être ça lui plaira. Ils l'ont ramené de la clinique. Elle a pissé sur le canapé où je m'installe à mâcher mon doudou. Moi on me dispute quand je pisse au lit. Ou on me raisonne. Ma soeur si elle est mouillée elle piaille. Y'a le lait du biberon qui ressort et qui coule sur son menton, ça chlingue." (Landau)


Quelques nouvelles ont pour cadre le train, je rajoute donc ce recueil au challenge:

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Et aussi une contribution au challenge de Philippe "Lire sous la contrainte". Le titre du bouquin devait être à la forme interrogative.

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