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Aux Bouquins Garnis
7 septembre 2012

"La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler"-Michel Folco

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Une biographie d' Adolf Hitler... Une de plus.

Eh bien pas du tout. Parce que celle-ci est signée Michel Folco. 

Si vous connaissez un peu l'auteur, vous imaginez ce que son récit de la jeunesse d'Hitler peut avoir de singulier. Si vous ne le connaissez pas, plongez vous dans cette déroutante biographie et et vous comprendrez.

La période qui intéresse Folco démarre avant la naissance du dictateur et prend fin en 1914, le jour de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand. Adolf Hitler a alors vingt-quatre ans.

Folco rappelle au début du livre les origines incertaines d'Hitler : le mariage de sa mère Klara, petite paysanne sans éducation, à un fonctionnaire brutal et borné, Aloïs Hielder (devenu Hitler à la suite d'une erreur orthographique), les nombreux frères et soeurs décédés les uns après les autres, le désir de revanche d'Aloïs, que son véritable père a refusé de reconnaître, son âpreté au gain, sa passion pour les abeilles...

Lorsqu' Adolf, que ses proches surnommeront  affectueusement"Adi", vient au monde, il est très choyé par sa mère, beaucoup moins par son père. Aloïs a décidé que son fils serait, fonctionnaire, comme lui. Même si Adolf a d'autres projets.

 Capricieux, colérique, imbu de lui-même, le jeune garçon se rêve en artiste peintre, en bâtisseur d'opéras, glorifié par une statue. Un peu (beaucoup) mégalo, Adolf est antipathique, c'est certain. Il lit énormément. Il aime la musique et idolâtre Wagner, se passionne pour Schopenhauer. C'est un garçon tristement banal, sans génie particulier, qui connaît bon nombre d'échecs et pas beaucoup la gloire. Il n'est même pas antisémite. Ce qui le rend remarquable, il faut le dire, c'est sa foi inébranlable en lui-même et son ambition féroce.

Et alors? Me direz-vous. Tout ceci, on peut le trouver dans n'importe quelle biographie. Certes.

Et pourtant le travail de Michel Folco sort décidement de l'ordinaire. Dans une réalité extrêmement documentée et détaillée, (on devine le travail de fourmi derrière ces 400 pages... par exemple, la scène de l'attentat contre l'archiduc est saisissante de réalisme, pour un peu on se croirait dans la foule, en train d'attendre son passage en grande pompe  !) il glisse des éléments tout droits sortis de sa débordante imagination. Follement bien écrite, passionnante de bout en bout, cette biographie est aussi souvent drôle. La première partie surtout (le petit Adolf en chef indien, ponctuant toutes ses phrases d'un "Howgh !", il fallait le trouver...), apporte la preuve qu'on peut rire même du pire des monstres, si la démonstration est intelligente. Et celle-ci l'est.

En effet, l'humour très présent n'absout évidemment pas le criminel. Et ne lui cherche pas d'excuses. Au contraire, Folco l'iconoclaste incite à la vigilance, en soulignant la banalité d'un homme qui rien ne prédestinait à devenir le dictateur que l'on sait. A ce propos, Ron Rausenbaum que Folco met en exergue page 79 dit ceci :"La photo d'Adolf enfant dérange parce qu'elle montre un Hitler innocent, un Adolf avant qu'il devienne Hitler. Une photo qui entraîne la question de la transformation de ce poupin à l'air candide en assassin de masse".

Dans un contexte politiquement favorable, il lui a suffi de vouloir, de vouloir très fort...

Un extrait :

"Si l'arrivée des hirondelles annonçait la fin de l'hiver, l'apparition du photographe dans la cour de Leonding signifiait la fin de l'année scolaire.

Les élèves empilèrent des bancs le long du mur et l'une après l'autre, les classes défilèrent pour la traditionnelle photo. Quand  vint le tour de sa classe, le professeur disposa ses quarante-sept élèves sur six rangs superposés, et se plaça au centre, lançant un virulent :

-Plus personne ne bouge !

Adolf, les bras croisés, s'était placé à l'exact sommet de la pyramide (plus haut était impossible), dépassant d'une bonne tête tous les autres. A l'instant où le photographe appuyait sur le déclencheur, il bougea pour redresser d'un geste désinvolte la mèche brune qui, depuis peu, barrait son front. Il fallut refaire la photo."

 

La naissance d'un monstre, que je propose pour le challenge de Za

 

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Commentaires
J
Cela me rappelle une histoire juive que je trouve tendre: Dans les années 34 35 deux vieux rabbins comprennent que cet Adolphe doit être éliminer. Pendant des semaines ils étudient ses moindres déplacements. Ils décrètent que ce sera pour le jeudi suivant à l'angle de 2 rues à 18 h. Ils sont là à 17h45 pour être sûr de l'avoir. 17h 55 personne, 18h personne, 18h 15 personne. Ils se regardent et l'un dit à l'autre : "Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé"
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C
Je l'ai noté (je ne connais pas cet auteur).<br /> <br /> Eh oui, les monstres, les dictateurs, les sérial-killers ont tous eu une enfance et ont sûrement été de mignons bébés que "rien" ne prédisposait à devenir ce qu'ils sont devenus...
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J
et au fait, excellent d'avoir pensé à le mettre dans le challenge "monstres" !
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J
la couverture est paradoxalement attirante, elle nous interroge. Par contre, la part de l'autre d'EE Scmitt est encore trop récente dans mon esprit, je passe (mais je note pour quelqu'un que je connais) merci pour la découverte
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A
La photo de couverture me pose question. Tant mieux. C'est vrai quoi, qui peut résister à un bébé avec une tétine ?!
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