"La course au mouton sauvage" Haruki Murakami
Qu'il est bizarre ce roman de Murakami...
«Bizarre » est en effet le premier mot qui me vient à l'esprit en refermant « La course au mouton sauvage ». Ce n'est pas très original de dire qu'on a trouvé un roman de Murakami bizarre, n'est-ce-pas? Désolée, je ne peux pas faire mieux.
Parce que ce roman là est vraiment d'une bizarrerie... bizarre.
Au départ, nous avons un homme. Jeune, divorcé. Sa vie, ses activités, sont sans intérêt. C'est lui qui le dit, et on est plutôt d'accord : il mange,- surtout des cacahuètes et des omelettes- il boit du whisky -beaucoup-, il fume, il dort, il rêve, -ses rêves sont bizarres aussi, ça vous étonne?-, il se lave, il boit à nouveau, bref, il a une vie un peu nulle. Un jour pourtant, il tombe amoureux d'une fille aux oreilles sublimes et ensemble ils partent à la recherche d'un mouton très particulier, là haut dans les montagnes, un mouton avec une étoile dans le dos, un mouton qui intéresse beaucoup l'extrême-droite...
Ceci n'est qu'un bref raccourci de ce roman où l'on trouve vraiment de tout : des chauffeurs qui parlent à dieu, un rat, un chat qui s'appelle Sardine, des paysages magnifiques, un docteur es-moutons, des oreilles...
C'est foisonnant, certes, mais ça s'étire, ça se dilate, c'est long, très long... volontairement, c'est sûr. Rien ne sert de courir après le mouton, il marche au pas.( Ok, elle était facile...)
Je me suis copieusement ennuyée à certains moments. A d'autres, j'ai été amusée, interpellée même. A aucun moment, je n'ai eu envie d'abandonner, sans doute à cause du charme inexplicable de l'univers de Murakami, de ce n'importe quoi qui n'est pas n'importe quoi, on s'en doute bien.
Au final, demeure surtout la frustration, car derrière cette bizarrerie, on devine des clefs, des symboles, des messages sûrement passionnants que l'auteur cherche à faire passer et auxquels moi pauvre lectrice dotée d'un cerveau d'huître, (c'est comme ça qu'on se sent en lisant ce genre de bouquin, je vous jure) je n'ai pas eu accès. Je pense, je suis même sûre de n'avoir pas compris grand chose à ce mouton sauvage et c'est bien dommage.
J'ai souligné quelques bizarreries:
« Le ciel était d'une pureté à vous donner mal au coeur (…) c'était un ciel sans le moindre nuage, comme un oeil gigantesque dont on aurait arraché les paupières » (celle-là, elle m'a sciée !)
« Elle était irréellement belle. D'une beauté que je n'avais jamais vue ni imaginée jusqu'alors.
Tout s'y dilatait comme l'univers, et tout s'y condensait comme dans un profond glacier. Tout y était exagéré jusqu'à l'arrogance, tout n'y était en même temps que dépouillement. Cela transcendait tous les concepts que pouvait former mon entendement. Elle et ses oreilles ne formaient qu'une seule et unique chose qui, tel un antique rayon de lumière, glissait le long de la pente du temps."
Deux challenges, chez Sharon et Catherine, pour une seule lecture.