DownloadedFileEncore une fois, j'ai bravé le froid glacial mercredi soir, les pavés glissants et toutes les horreurs de l'hiver pour aller retrouver Julie et Katia au théâtre des Mathurins à Paris.

Nous les filles, on ferait n'importe quoi pour un peu de culture. C'est parce qu'on est des filles, sans doute.

En même temps, le spectacle était à ne pas rater : "Lettre d'une inconnue", adaptée d'un texte que j'adore de Stephan Zweig, avec Sarah Biasini et Frédéric Andrau. Alors qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige...

Le théâtre des Mathurins est minuscule et nous étions placées au deuxième rang. J'aime beaucoup cette proximité avec les acteurs mais en même temps, elle m'impressionne un peu. On aimerait bien plonger la main dans le sachet de pastilles à la menthe de la copine, vérifier pour la énième fois que le téléphone est bien éteint, mais toujours au moment du lever de rideau... Et quand le spectacle commence, plus moyen. On ne fait pas claquer sa langue, on ne bat pas des cils, on ne bouge plus d'un millimètre pour ne pas perturber les comédiens. On arrête de respirer.

Première surprise, l'acteur sur la scène n'est pas Frédéric Andrau, comme annoncé sur l'affiche. 

Je connais Frédéric Andrau, je vous assure que mercredi soir, ce n'était pas lui. J'aurais aimé que ce soit précisé, quelque part, à l'entrée. Bon, il a peut-être eu la grippe à la dernière minute et a été remplacé au pied levé ... Soit. C'est sans importance. Tout le monde s'en fiche. Sauf que moi je le savais.

Sur la scène, timidement éclairée de quelques ampoules suspendues, tombe une pluie de feuilles de papier. Un homme (qui n'est pas Frédéric Andrau...) découvre avec stupéfaction des lettres, écrites par une femme qui l'a aimé toute sa vie avec passion sans qu'il le sache et surtout sans qu'il la connaisse. L'homme est volage et les femmes qui traversent sa vie s'effacent aussitôt. Même si, dit-il, « on revient toujours ». Cette inconnue, jouée par Sarah Biasini, (c'est bien elle...) se confesse. Et la confession est terrible. Je ne vous en dis pas plus. Il faut absolument lire ce court roman, (ou grosse nouvelle) d'une beauté absolue.

Ce que je peux dire en revanche ( à part que je me suis sentie flouée de la présence de Frédéric Andrau) c'est que l'idée de confronter les deux acteurs pour éviter la seule lecture des lettres est intéressante. Mais avec un texte de cette qualité, peut-être n'était-ce pas indispensable. Ecouter un acteur en train de lire Zweig aurait été bien aussi...

Sara Biasini est très jolie, elle a une vraie présence sur la scène. Mais son jeu m'a un peu fatiguée. Elle larmoie beaucoup. Tout le temps. Sa voix, au timbre pourtant agréable, est toujours placée de la même façon, avec un tremolo invariable du début à la fin de la pièce. Son visage aussi, est crispé sans arrêt. C'est dommage. Avec les copines, on se disait que de temps en temps, elle aurait pu se poser, avoir un peu de recul, puisqu'elle est censée écrire une lettre. Elle est tragique et c'est tout.

Quant à celui qui n'est pas Frédéric Andrau, peu de choses à en dire. Sa présence est discrète. Il est efficace. Tendre, affolé par moments. Mais discret.

Quelques applaudissements peu nourris (mais nous n'étions pas nombreux) et les deux acteurs disparaissent après deux petits rappels.

A voir pourquoi pas, à lire et à relire de toute façon.

L'acteur sur la photo en haut à gauche (je sais elle est pas terrible, mais c'est google images...), c'est pas Frédéric Andrau.

Challenge "En scène !" du blog Oceanicus in Folio

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